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Sécurité globale remplace les Gilets jaunes: 133.000 manifestants en France selon l’Intérieur, 500.000 pour les organisateurs

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De nombreux rassemblements étaient organisés en France ce samedi contre la loi « sécurité globale » remplace les gilets jaunes lors de ses débuts en 2018. 133.000 manifestants ont défilé dans de nombreuses villes, selon le gouvernement. Des tensions ont éclaté entre manifestants et forces de l’ordre à Paris, mais aussi à Rennes, Lyon et Strasbourg.

La loi « sécurité globale » n’ai pas soutenues par les Français, l’article 21,22 et 24 et réclament l’abandon du texte, qu’ils jugent attentatoire à “la liberté d’expression” et à “l’Etat de droit” .

Les critiques visent en particulier l’article 24 de la loi, qui pénalise la diffusion malveillante d’images de forces de l’ordre. Malgré son adoption en première lecture par l’Assemblée nationale, la polémique était telle que Matignon s’est résolu à annoncer une nouvelle réécriture du texte par une « commission » indépendante. Avant de rétropédaler face à l’ire des parlementaires et de la majorité, à qui Jean Castex a dû assurer qu’ils auraient le dernier mot.

Le ministère de l’Intérieur a comptabilisé 133.000 manifestants, les organisateurs 500.000. Ils ont réclamé l’abandon du texte, qu’ils jugent attentatoire à « la liberté d’expression » et à « l’Etat de droit ». L’opposition à la proposition de loi est exacerbée par une série d’affaires de violences policières, notamment le passage à tabac d’un producteur de musique noir par des policiers à Paris il y a une semaine.

François Hollande estime que le débat « a été mal engagé » et que sa « traduction législative a été aussi inappropriée qu’inopportune ». Rappelons que l’article 24 de cette proposition de loi entend pénaliser d’un an de prison et de 45.000 euros d’amende toute diffusion de « l’image du visage ou tout autre élément d’identification » de membres des forces de l’ordre en intervention, quand elle porte « atteinte » à leur « intégrité physique ou psychique ».

L’ancien président a par ailleurs rappelé avoir « aussi été confronté à ce type de décision, notamment avec la déchéance de nationalité ». De fait, trois jours après les attentats du 13 novembre 2015, François Hollande avait souhaité modifier la Constitution pour y intégrer le régime de l’état d’urgence et l’extension de la déchéance de la nationalité à tous les binationaux condamnés pour terrorisme, même ceux nés en France.

« Aujourd’hui, s’il y a de l’honneur, il doit se trouver dans le retrait du texte et pas dans son maintien », a estimé le prédécesseur d’Emmanuel Macron, dans une interview vidéo au journal La Montagne diffusée sur son compte Twitter. « Il y a plus d’honneur à retirer un texte quand il heurte les consciences et divise la société qu’à le maintenir, pour un gouvernement ou un président de la République, quand le risque c’est de créer de l’incompréhension et des violences », a-t-il poursuivi.

Si les rassemblements se sont globalement déroulés dans le calme, quelques heurts ont éclaté, notamment à Paris, des manifestants ayant dressé quelques barricades face aux forces de l’ordre et jeté des projectiles en marge de la manifestation.

A Lyon, la préfecture chiffre à 7 500, le nombre de manifestants (13 000 selon les organisateurs). Selon les informations du Progrès, «trois policiers ont été blessés et quatre personnes [ont été] interpellées» dans la ville du Rhône. A Strasbourg, 1 500 manifestants selon la préfecture et près de 3 000 selon les médias locaux et l’AFP ont défilé aux cris de «tout le monde peut filmer la police». Des rassemblements ont également eu lieu dans des villes moyennes, comme à Bourg-en-Bresse (Ain) ou à Montbéliard (Doubs). Dans la ville du Doubs, ils étaient 400 manifestants selon France 3.

Au total, 46 personnes ont été interpellées à Paris et en région. 23 membres des forces de l’ordre ont été blessés dans la capitale et 14 autres en région, a d’ailleurs fait savoir le ministère de l’Intérieur. Gérald Darmanin a condamné sur son compte Twitter «des violences inacceptables contre les forces de l’ordre». Sur les réseaux sociaux, plusieurs vidéos ont circulé montrant des policiers violemment pris à partie, frappés en étant parfois à terre.

Un journaliste indépendant d’origine syrienne a été également blessé au visage pendant une charge de police tout comme plusieurs manifestants, a constaté une journaliste de l’AFP.

A Rennes, jusqu’à 4.000 personnes selon la préfecture, 5.000 selon les syndicats ont défilé. Des incidents entre manifestants et forces de l’ordre ont éclaté en fin de parcours.

La préfecture fait état de « personnes violentes et déterminées » qui ont commis des « dégradations sur du mobilier urbain et des caméras de vidéo-protection, créé des barricades, descellé des pavés et jeté des projectiles » sur les policiers et gendarmes qui ont « dû faire usage de la force, à plusieurs reprises, toujours avec discernement et de manière proportionnée, pour disperser ces éléments radicaux » qui ont été « repoussés grâce à des tirs de grenades lacrymogènes et à l’intervention d’un engin lanceur d’eau ».

Deux CRS ont été blessés et transportés au CHU et « quatre personnes ont été interpellées pour jets de projectiles et transports de produits inflammables ».

La coordination StopLoiSécuritéGlobale, qui rassemble notamment des syndicats de journalistes et des associations de défense des droits humains, fait de son côté état de 500.000 manifestants dans toutes la France, dont 200.000 à Paris.

La coordination a également « fermement » dénoncé les « quelques dégradations et violences à Paris et à Lyon, notamment « des violences contre des policiers sur la place de la Bastille » après la fin de la manifestation. « Nous ne pouvons accepter qu’une poignée de personnes impose par la force leur stratégie de contestation à des centaines de milliers d’autres manifestants pacifiques », a souligné le communiqué. La coordination a par ailleurs affirmé que « ce mouvement n’en est qu’à ses balbutiements ».

Le ministère de l’Intérieur a fait savoir ce 29 novembre que 62 blessés avaient été recensés la veille parmi les forces de l’ordre (39 en Province et 23 à Paris), policiers et gendarmes confondus.

Une soixantaine de policiers et gendarmes ont été blessés et 81 personnes ont été interpellées samedi en France, lors des manifestations contre un texte sécuritaire et les violences policières, selon un bilan du ministère de l’Intérieur.

62 blessés ont été enregistrés parmi les forces de l’ordre (39 en province et 23 à Paris), a précisé dimanche le ministère. Plusieurs vidéos diffusées sur les réseaux sociaux ont montré des policiers tabassés par des manifestants.

Deux manifestants – qui ont fait un signalement auprès de l’Inspection générale de la police – ont été blessés en Province, selon la police. A Paris, le bilan des blessés du côté des manifestants n’a pas encore été réalisé.

Un photographe syrien indépendant, Ameer al Halbi, 24 ans, qui couvrait la manifestation a été blessé au visage. Le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, a dénoncé samedi soir sur twitter, des violences policières «inacceptables» contre le collaborateur de Polka Magazine et de l’AFP.

Frédéric Veaux, actuel directeur général de la Police nationale dénonce, dans les colonnes du Journal Du Dimanche, l’attitude de trois policiers qui ont passé à tabac un producteur de musique la semaine dernière.

Les opposants au texte ont répondu présent, samedi. Au total, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, 133.000 personnes ont manifesté dans les rues de France pour protester contre la loi « sécurité globale » et son controversé article 24 visant à sanctionner la diffusion « malveillante » d’images de la police. Alors que la gauche réclame le retrait du texte, et que le gouvernement doit également faire face à la polémique autour du tabassage du producteur Michel Zecler par des policiers, l’exécutif tente de sortir de cette mauvaise passe.

« Un texte rattrapé par le contexte ». Voilà pourquoi ce marcheur prédit « une mort certaine » à l’article 24. Mais le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin n’a pas l’intention de reculer, car renoncer lui ferait perdre le soutien de la droite, qui accuserait l’exécutif de lâcher les forces de l’ordre, et ce alors que samedi, des policiers ont été violentés par certains manifestants venus pour « casser du flic ».

L’exécutif doit donc trouver une porte de sortie pour « concilier protection des policiers et liberté d’informer », dixit Matignon, même si un proche d’Emmanuel Macron voit dans la manifestation un mauvais procès. « Il y a un mois, il était attaqué de partout car il répétait qu’en France, il défendrait toujours la liberté de la presse », dit ce dernier.

Cela n’empêche pas la Macronie de phosphorer pour faire redescendre la pression. Certains suggèrent ainsi de s’inspirer du texte contre le séparatisme qui comporte une disposition proche, modifiant le code pénal et pas la loi de 1881 sur la liberté de la presse. Une chose est sûre : le gouvernement veut trouver une solution d’apaisement, sans attendre l’arrivée du texte au Sénat début 2021. Même si ce n’est que là-bas qu’il pourra officiellement être réécrit.

Frédéric Veaux, le directeur général de la Police nationale condamne dans le Journal Du Dimanche l’agression de Michel Zecler, un producteur de musique, à Paris le 21 novembre dernier. Un passage à tabac filmé, dont les images ont été diffusées jeudi dernier.

« Ce sont des comportements de délinquants : pénétrer de force chez des gens, se livrer à de tels actes de violence … C’est avant tout une question d’éthique, de valeur, de déontologie » explique Frédéric Veaux. « J’ai été scandalisé, comme l’ensemble des policiers de ce pays (…) Vous pouvez faire confiance à la Police nationale pour que ces événements soient traités avec la plus extrême sévérité une fois les responsabilités établies » poursuit le dirigeant.

Dans cet entretien, Frédéric Veaux indique également qu’en 2020, 39 policiers ont été exclus de la Police nationale contre 34 en 2019. « Ces chiffres tordent le cou à la rumeur d’une police laxiste envers les siens » estime l’ancien préfet de la Mayenne. D’après lui l’émotion légitime que suscite l’affaire Michel Zecler, entraînera certainement « des amalgames et des provocations » dans les territoires « où la présence de la police n’est pas souhaitée ».

En 2016, Frédéric Veaux avait été nommé préfet de la Mayenne. Fonction qu’il a occupée jusqu’en décembre 2018. Il avait été ensuite nommé dans les Landes. Homme de rigueur et de droiture, celui qui est entré dans la police en 1982, a été nommé en janvier 2020 à la tête de la direction générale de la Police nationale.

Dans la foule, on devine une pancarte, celle d’Antonia, gagnée par le doute. « C’est écrit : ‘arrêtez de nous agresser’. C’est-à-dire que moi maintenant, quand je vais en manif, j’ai peur de la police, c’est quand même le comble, ça ne va pas.

C’est une institution qui est malade, par rapport à leur formation, ou au suivi psychologique de ces gens car il y a beaucoup de policiers en détresse aussi. »

Il faudrait durcir les sanctions contre les fonctionnaires fautifs. Cette refonte de la police, Antonia n’y croit pas, écœurée par l’attitude du gouvernement. « C’est quoi la réaction de l’exécutif ? La réaction, c’est la loi de sécurité globale, de maintenir un affrontement entre la police et la population. On dirait qu’on fait passer des lois qui vont empirer les problèmes ! L’exécutif, pour moi, il souffle sur les braises ».

Des braises qui pourraient s’éteindre grâce à une décision, assurent ces manifestants : la démission du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin et les préfets où les incidents ont eu lieu.

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