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Les mobilisations contre la réforme des retraites le troisième acte

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Le ministère de l'Intérieur a quant à lui recensé 757.000 manifestants dont 57.000 à Paris.

En ce mardi 7 février glacial, ils battent le pavé, pour la troisième fois depuis le début de l’année, contre la réforme des retraites, qui prévoit de reporter de 62 à 64 ans l’âge de départ à la retraite.

Des indications précieuses pour la Place Beauvau afin de répartir le nombre de forces de l’ordre partout sur le territoire alors que les deux précédentes journées de mobilisation se sont relativement bien passées.

Malgré la présence d’éléments radicaux en marge des cortèges, les manifestations ont pu aller au bout sans trop de casse. Deux raisons viennent expliquer cela. D’une part, les services d’ordre des syndicats sont très efficaces. “Ils jouent bien le jeu et empêchent les fauteurs de troubles de rentrer dans les défilés”, selon un spécialiste du maintien de l’ordre.

Les grévistes ont été moins nombreux ce mardi et la mobilisation a ralenti même si elle reste à un niveau élevé selon la CGT : “près de deux millions” de personnes ont manifesté en France, d’après son comptage. Le ministère de l’Intérieur a quant à lui recensé 757.000 manifestants dont 57.000 à Paris.

En tout, 26 personnes ont été interpellées à Paris dans le cadre de la manifestation contre la réforme des retraites, selon le bilan de 20 heures communiqué ce mardi par la préfecture de police de Paris. Sur le parcours de la manifestation, entre la place de l’Opéra et celle de la Bastille, des “éléments radicaux” présents devant le cortège s’en sont pris “aux commerces”, a indiqué la même source. Le mardi 31 janvier, 30 personnes avaient été interpellées à Paris à la même heure.

En tout, 11.000 policiers et gendarmes ont été mobilisés partout en France ce mardi, dont 4.000 à Paris, pour encadrer la troisième journée de mobilisation intersyndicale.

La mobilisation dans les transports

Le taux de grévistes à la SNCF était de 25% ce mardi à la mi-journée, a appris franceinfo de source syndicale. Il s’agit d’un décompte provisoire. Mardi dernier, pour la deuxième journée de mobilisation, le taux de grévistes avait atteint 36,5%, contre 46,3% lors de la première journée, le 19 janvier.

Conséquences des perturbations dans les transports, 111,4 kilomètres de bouchons cumulés ont été enregistrés partout en France ce mardi à 12h par Bison Futé. Cela correspond au “niveau faible”.

Le pic des bouchons a été enregistré à 8h, avec 1.069,6 kilomètres d’embouteillages cumulés, un niveau supérieur au cumul enregistré à la même heure une semaine plus tôt (742,8,1 kilomètres). Cela correspond à la fourchette haute du niveau qualifié d’”habituel” par Bison Futé.


Dans l’Éducation nationale

Selon le ministère de l’Éducation nationale, 14,17% des enseignants ont fait grève ce mardi. Pour rappel, le taux de grévistes était de 25,92% lors de la précédente journée de grève, le 31 janvier.

Dans le détail, 14,60% d’enseignants étaient grévistes dans le primaire (contre 26,65% le 31 janvier) et 13,75% dans le secondaire (contre 25,22% la semaine dernière). “La participation dans les collèges est estimée à 16,65% [contre 29,69% il y a sept jours], dans les lycées d’enseignement général et technologique à 11,42% [contre 21,87% lors de la deuxième journée de mobilisation] et dans les lycées professionnels à 8,71% [contre 16,4% le 31 janvier]”, a précisé le ministère.


Dans les secteurs de l’énergie

Dans les raffineries

Chez TotalEnergies, plus d’un salarié sur deux (56%) des raffineries était en grève mardi selon la direction, entre 75 et 100% selon les sites, a estimé de son côté la CGT. “Les expéditions de produits au départ des sites de TotalEnergies sont interrompues ce jour”, a indiqué la direction, soit des modalités d’action similaires à celles des précédentes journées d’action contre le projet de réforme des retraites.

La CGT dénombrait 75% de grévistes à la bio-raffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône), 87% à la raffinerie de Normandie, la plus importante de France, 90% à la raffinerie de Donges (Loire-Atlantique), et 100% de grévistes au dépôt de carburants de Flandres, près de Dunkerque (Nord). “Sur les 301 postés du quart du matin de l’ensemble de nos sites raffinage et dépôt, 56% (soit 169 personnes) étaient en grève”, a indiqué de son côté la direction de TotalEnergies.

Elle a indiqué qu’”il n’y a pas de manque de carburants” dans les stations-service du groupe et assuré que “les stocks en dépôts et en station-service sont à un niveau satisfaisant”.

Chez EDF

Du côté d’EDF, les grévistes ont procédé entre lundi et mardi à des baisses de production d’électricité de près de 4.500 MW, soit l’équivalent de plus quatre réacteurs nucléaires, mais sans provoquer de coupures, pour s’opposer au projet de réforme des retraites. Ce mardi, le taux de grévistes était de 36,9% de l’effectif global en fin de journée, contre 46,5% lors de la précédente mobilisation, a annoncé la direction d’EDF.

Plusieurs centrales nucléaires, comme celle de Paluel (Seine-Maritime) et de Dampierre (Loiret), mais aussi la centrale à charbon de Cordemais (Loire-Atlantique) ou la centrale thermique de Martigues (Bouches-du-Rhône) étaient touchées, avec “de forts taux de grévistes” et des “filtrages à l’entrée des sites”, selon Fabrice Coudour, secrétaire fédéral de la FNME-CGT.


Dans la fonction publique

Un peu plus de 11% des fonctionnaires étaient en grève mardi en milieu de journée dans la fonction publique d’Etat, contre 19,4% lors de la deuxième journée de mobilisation contre la réforme gouvernementale des retraites et 28% lors de la première, selon le ministère de la Fonction publique. Dans la fonction publique territoriale, le taux de grévistes était également en baisse, à 4,19%, contre 7,9% le 31 janvier et 11,3% le 19 février, précise le ministère.


La mobilisation des étudiants

En tout, 180.000 jeunes ont défilé dans les rues partout en France contre la réforme des retraites ce mardi 7 février, annonce l’Unef. Ils étaient 60 000 le 19 janvier et 150 000 le 31 janvier, selon le syndicat étudiant.

Les étudiants de la faculté de Rennes 2 (Ille-et-Vilaine) ont notamment bloqué l’université ce mardi. L’établissement sera fermé jusqu’à jeudi inclus. “Ce matin, nous avons constaté que tous les bâtiments du campus Villejean étaient inaccessibles. Compte tenu des dégradations et la quantité de mobilier sorti, le campus restera fermé jusqu’à jeudi inclus afin de remettre les locaux en état de fonctionnement”, a indiqué la présidence de Rennes 2 dans un communiqué de presse transmis à l’AFP.

La journée d’action nationale contre le projet de réforme des retraites joue les prolongations. Ce mercredi matin, quelque 300 personnes bloquaient les accès à la raffinerie TotalEnergies de Donges (Loire-Atlantique), près de Saint-Nazaire. Les manifestants, parmi lesquels se trouvaient non seulement des salariés de la raffinerie mais aussi des représentants d’autres secteurs, comme des cheminots, des enseignants ou des dockers, ont allumé tôt dans la matinée un feu de palettes en travers de la route départementale qui dessert la raffinerie.

Les grévistes de TotalEnergies ont reconduit mercredi matin le mouvement contre le projet de réforme des retraites du gouvernement dans la plupart des raffineries du groupe. Le syndicat dénombrait 100 % de grévistes parmi les opérateurs des équipes du matin au dépôt de carburants de Flandres (Nord), près de Dunkerque, 80 % à la raffinerie de Donges (Loire-Atlantique), 70 % à la raffinerie de Feyzin (Rhône) et 56 % à la raffinerie de Normandie.

Certains ministres sont sur la sellette

Après une série de concessions couteuses sur la réforme des retraites, des ajustements supplémentaires ne sont pas exclus mais l’exécutif n’a plus de marges manœuvres financières et ne devrait plus bouger sur les grandes lignes pour respecter l’objectif qu’il martèle : l’équilibre du système à l’horizon 2030. De son côté, Emmanuel Macron qui laisse sa Première ministre et son gouvernement défendre le texte, reste à l’écart et réfléchit à un potentiel remaniement ministériel.

Macron veut conclure son premier quinquennat

Les jours de certains ministres sont comptés. C’est en tout cas la petite musique qui monte dans l’entourage du président qui explique qu’il voudra ouvrir un nouveau cycle politique après le vote sur les retraites qui interviendra au plus tard le 26 mars.

Cette nouvelle séquence passerait aussi par un remaniement. Et selon les informations d’Europe 1, le chef de l’État a d’ores et déjà demandé à certains proches de faire des propositions de noms.

Le président serait déçu par certains ministres comme celui de la Santé François Braun, celui de l’Éducation Pap Ndiaye ou encore celui des Solidarités Jean-Christophe Combe. En revanche, à ce stade, Élisabeth Borne ne serait pas menacée. “Si ça se passe bien sur les retraites, elle restera en poste”, prédit un conseiller avant de préciser “si ça se passe mal, il y a l’hypothèse de la dissolution”.

Une nouvelle journée de manifestations est déjà prévue ce samedi 11 février à l’appel de l’intersyndicale.

Selon Jean-Luc Mélenchon, leader de la France insoumise, cette manifestation peut être un tournant : “Je le crois profondément”. “Il y a toute la population qui n’est pas salariée, les chômeurs, les retraités, les étudiants, etc, qui peut entrer en action quand c’est le week-end “, a assuré le chef de file LFI depuis la manifestation parisienne.

La journée du mercredi 8 février devrait aussi être perturbée par les grèves : les syndicats CGT et Sud Rail de la SNCF appellent à la grève. Les secteurs de l’énergie et des raffineries ont également prévu de cesser le travail les 7 et 8 février.

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