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Le soutien à l’unisson des Iraniens et des nouvelles sanctions

Les manifestations se poursuivent aux quatre coins du pays malgré une répression de plus en plus forte.

Les manifestations se poursuivent aux quatre coins du pays malgré une répression de plus en plus forte.

L’Iran s’est vu imposer de nouvelles sanctions vendredi après avoir procédé, la veille, à une première exécution liée au mouvement de contestation violemment réprimé depuis près de trois mois, entraînant de nouveaux appels à manifester.

Le 16 septembre 2022, l’étudiante Masha Amini était assassinée en Iran. Un décès survenu trois jours après avoir été arrêtée par la police des mœurs iranienne pour “port de vêtements inappropriés”. La situation a créé un vif émoi en Iran, et au-delà des frontières iraniennes. Depuis, un soulèvement populaire visant à renverser le régime islamique en Iran souffle sur le pays perse.

Certaines organisations de jeunes avaient appelé à la transformer en une “Journée de terreur pour l’État”. Le 7 décembre, à l’occasion de la Journée de l’étudiant, qui commémore la mort de trois étudiants tués par les forces de sécurité du chah d’Iran, en 1983, des étudiants descendent de nouveau dans les rues pour protester après la mort de Mahsa Amini. Toute la journée, ils défilent et scandent des slogans contre le régime dans plusieurs villes du pays, parfois malgré une forte présence des forces de sécurité. “Tremblez, tremblez, nous sommes tous ensemble”, clament par exemple des manifestants à l’Université de technologie Amirkabir de Téhéran, dans une vidéo publiée par le média en ligne 1500tasvir.

À cette occasion, le président ultraconservateur Ebrahim Raïssi se rend sur un campus à Téhéran. Devant une foule visiblement triée sur le volet, il salue l’attitude des “étudiants perspicaces qui n’ont pas permis qu’il y ait à l’université une atmosphère d’émeute”.

Cette journée de mobilisation intervient en pleine grève nationale de trois jours. En parallèle de la mobilisation estudiantine, des magasins restent portes closes dans une cinquantaine de villes aux quatre coins du pays.

Mohsen Shekari, 23 ans, avait été condamné à mort pour avoir bloqué une rue et blessé un paramilitaire au début des manifestations, à l’issue d’une procédure judiciaire dénoncée comme un procès-spectacle par des organisations de défense des droits humains.

Sanctions

Londres a également indiqué vendredi avoir sanctionné 30 entités ou personnalités originaires de 11 pays parmi lesquels l’Iran, incluant des responsables iraniens accusés d’infliger des “peines choquantes” à des manifestants anti-régime.

Le Canada a lui sanctionné 22 hauts responsables de la magistrature, de l’administration pénitentiaire et de la police iraniens, ainsi que des collaborateurs de haut rang du guide suprême, l’ayatollah Khamenei.

L’Union européenne s’apprête, elle, à ajouter sur sa liste noire 20 personnes et une entité iraniennes pour sanctionner les violations des droits humains commises en Iran lors de la répression des manifestations, ont indiqué vendredi des sources diplomatiques à Bruxelles.

Amnesty International s’est dite “horrifiée” par la pendaison de Mohsen Shekari, qui “met en évidence l’inhumanité” du système judiciaire de l’Iran où “de nombreuses autres personnes risquent de subir le même sort”.

Mahmood Amiry-Moghaddam, directeur de l’ONG Iran Human Rights (IHR) basée à Oslo, a de son côté appelé à une forte réaction internationale pour dissuader la République islamique de procéder à d’autres exécutions.

Le ministère iranien des Affaires étrangères a affirmé dans un communiqué jeudi soir que l’Iran avait fait preuve “de la plus grande retenue face aux émeutes”.

Les ONG de défense des droits humains tirent immédiatement la sonnette d’alarme, craignant des exécutions de masse alors que l’Iran exécute davantage de condamnés que n’importe quel autre pays – excepté la Chine –, selon Amnesty International. Plus de 500 personnes y ont été exécutées en 2022, d’après l’ONG Iran Human Rights, basée en Norvège.

À l’occasion de la journée de l’étudiant en Iran le 7 décembre, le monde de l’éducation, de la recherche et de la culture se mobilise donc pour rendre ce soutien le plus fort et le plus large possible.

Un appel à une journée nationale universitaire « Liberté, Solidarité Iran », le mardi 13 décembre 2022, a été lancé et signé par près de six-cents universitaires. Des rassemblements, des manifestations culturelles, des conférences, des actions artistiques témoigneront de la solidarité des universités françaises, en France et au-delà des frontières.

Par la journée nationale universitaire « Liberté, Solidarité Iran », est affirmée la volonté de soutenir et d’accueillir celles et ceux dont la vie et la liberté sont menacées. De nombreuses actions se dérouleront le 13 décembre au 17 décembre, dans plusieurs villes et universités françaises, en intérieur ou sur des places publiques, parmi lesquelles Amiens, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Lille, Lyon, Paris…

“Cette mise à mort se veut une illustration brutale que le régime est prêt à tuer et il veut le faire savoir”, réagit alors auprès de France 24 Mahmood Amiry-Moghaddam, directeur de l’ONG Iran Human Rights (IHR).

Beaucoup de personnes ont d’abord pensé que le but des manifestations était de ne pas porter le voile et c’est tout. Probablement parce qu’ils ont entendu le slogan “Femme, vie, liberté . Homme, patrie, progrès”. Mais ce que souhaite une grande partie du peuple iranien, c’est que l’Iran soit intégré dans la société. Pour que les relations internationales avec les autres pays reviennent, que ce soit dans le domaine du commerce, de la diplomatie ou de la politique, car l’Iran est isolé du monde entier. Ils veulent la liberté pour l’information d’entrer et de sortir du pays et, d’autre part, la liberté pour les femmes d’être plus libres, de s’habiller comme elles veulent, de profiter des rues sans crainte… Toutes ces choses qui sont maintenant, d’une certaine manière, interdites.

Outre la liste des personnes condamnées, le système judiciaire iranien a indiqué que 28 autres personnes avaient été condamnées à la pendaison pour leur participation aux manifestations, sous l’accusation de provoquer des “troubles”. Parmi eux, le footballeur professionnel iranien Amir Nasr-Azadani, qui risque la peine de mort dans son pays, a indiqué la FIFPRO. Le joueur d’Iranjavan a été arrêté pour avoir défendu publiquement les droits et libertés des femmes dans son pays. Jusqu’à présent, au moins 458 personnes ont été tuées dans la répression des manifestations, selon le dernier bilan de l’ONG Iran Human Rights (IHR), basée en Norvège, et au moins 15 000 ont été arrêtées, selon l’ONU.

Hamed Esmaeilion, un militant irano-canadien qui a organisé des manifestations de masse à Berlin, à Paris et dans d’autres villes, a annoncé d’autres rassemblements ce weekend: “Quelles que soient les croyances et les idéologies, rejoignons ces rassemblements pour protester contre l’exécution terrifiante de #MohsenShekari”, a-t-il tweeté, le 9 décembre.

La justice iranienne annonce quotidiennement un nouveau candidat sur la liste des morts, une décision prise pour décourager la population de manifester contre le régime.

Au total, 28 individus se trouvent dans le couloir de la mort en lien avec les manifestations, selon un décompte effectué par Amnesty international. Au moins 458 personnes ont, par ailleurs, été tuées dans la répression des manifestations, selon un bilan établi par IHR, et au moins 14 000 ont été arrêtées d’après l’ONU.

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