Impact European

"NOUS SOMMES UN JOURNAL INDÉPENDANT"

Le Moulin de Pont Rû vient en aide aux femmes qui ont perdu leur confiance en elle

13 min read
Ce jeudi 24 novembre, le Moulin de Pont Rû a organisé la rencontre entre associations, élus, préfecture du Val-d'Oise, la région Ile de France, entreprises privées et d'état, ainsi que le fonds de dotation DAPAT, pour un projet d'accompagnement des femmes victimes de violences conjugales et leurs enfants.
Ce jeudi 24 novembre, le Moulin de Pont Rû a organisé la rencontre entre associations, élus, préfecture du Val-d’Oise, la région Ile de France, entreprises privées et d’état, ainsi que le fonds de dotation DAPAT, pour un projet d’accompagnement des femmes victimes de violences conjugales et leurs enfants.
 
Le projet prévoit une insertion et une réinsertion sociale et professionnelle, une reprise de confiance en soi, une restauration sur le plan affectif et psychologique, mais aussi un accompagnement sur le plan administratif.
 
A la veille de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, le Moulin de Pont Rû et les participantes se sont réunies pour discuter autour d’une table ronde, des étapes stratégiques pour intégrer les victimes de violences conjugales dans la société, mais aussi pour leur construire des abris adaptés pour les accompagner jusqu’au rétablissement et à la réadaptation pour se débrouiller par elles-mêmes.
 
La Déclaration sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies en 1993, définit la violence à l’égard des femmes comme « tout acte de violence dirigé contre le sexe féminin, et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée ».
 
En 1999, l’Organisation des Nations Unies instaure le 25 novembre « la journée de lutte contre les violences faites aux femmes ».
 
Violence à l’encontre des femmes
 
Les enquêtes auprès de la population fondée sur les déclarations des survivantes fournissent les estimations les plus précises sur l’ampleur de la violence au sein du couple et de la violence sexuelle. En 2018, une analyse des données sur l’incidence de ce phénomène dans 161 pays et zones, menée par l’OMS pour le compte du groupe de travail inter-institutions des Nations Unies sur la violence à l’égard des femmes, a révélé que près d’une femme sur trois dans le monde (30 %) avait subi des violences physiques ou sexuelles au sein de son couple ou des violences sexuelles révélées par une personne autre qu’un partenaire, ou avait connu les deux.
 
Plus d’un quart des femmes âgées de 15 à 49 ans qui ont eu des relations de couple ont subi des violences physiques ou sexuelles de la part de leur partenaire au moins une fois dans leur vie (à partir de l’âge de 15 ans ). Les estimations relatives à l’incidence de la violence tout au long de la vie au sein du couple vont de 20 % dans le Pacifique occidental, de 22 % dans les pays à revenu élevé et en Europe et de 25 % dans la Région OMS des Amériques à 33 % dans la Région africaine de l’OMS, 31 % dans la Région OMS de la Méditerranée orientale et 33 % dans la Région OMS de l’Asie du Sud-Est.
 
Dans le monde, pas moins de 38 % de l’ensemble des meurtres de femmes sont perpétrés par leur partenaire. Outre la violence au sein du couple, 6 % des femmes dans le monde indiquent avoir été agressées sexuellement par une personne autre que leur partenaire, bien que les données concernant ces cas soient plus limitées. Les actes de violence au sein du couple et les actes de violence sexuelle sont le plus souvent des actes commis par des hommes à l’encontre de femmes.
 
Les périodes de confinement liées à la pandémie de COVID-19 et leurs incidences sociales et économiques ont eu pour conséquence d’exposer d’avantage les femmes à des partenaires violents et à des facteurs de risque connus, tout en limitant leur accès aux services. Les situations de crise humanitaire et de déplacement peuvent exacerber la violence existante, notamment la violence au sein du couple ou la violence subie par une personne autre que le partenaire, et entraîner de nouvelles formes de violence à l’égard des femmes.
 
Facteurs associés à la violence au sein du couple et à la violence sexuelle à l’égard des femmes
 
Parmi les facteurs associés à la fois à la violence au sein du couple et à la violence sexuelle, on retrouve notamment les éléments suivants :
 
*Faible niveau d’instruction (pour les auteurs comme pour les victimes) ;
*Exposition à la maltraitance pendant l’enfance (auteurs et victimes) ;
*Exposition à la violence familiale (auteurs et victimes) ;
*Troubles de la personnalité antisociale (auteurs) ;
*Usage nocif de l’alcool (auteurs et victimes) ;
*Comportements masculins préjudiciables – avoir des partenaires multiples ou des attitudes qui mettent en garde la violence, notamment (auteurs) ;
*Normes collectives qui privilégient l’homme ou lui assignent un statut supérieur à celui de la femme ;
*Faible accès des femmes à un emploi rémunéré ;
*Grandes discriminatoires entre les sexes (lois discriminatoires, etc.).
 
Parmi les facteurs présentant des caractéristiques associées à la violence au sein du couple, on retrouve notamment les éléments suivants :
 
*Exposition à la violence par le passé ;
*Mésentente et insatisfaction conjugales ;
*Problèmes de communication au sein du couple ;
*Comportements dominants des hommes envers leur partenaire.
 
Parmi les facteurs présentés associés à la perpétration d’actes de violence sexuelle, on retrouve notamment les éléments suivants :
 
*Croyances relatives à l’honneur familial et à la pureté sexuelle ;
*Idée selon laquelle le sexe serait un dû pour les hommes ;
*Faiblesse des sanctions commises par la loi en cas de violence sexuelle.
 
Les inégalités entre les sexes et les normes qui font que la violence à l’égard des femmes est jugée acceptable font partie des causes profondes de la violence à leur endroit.
 
Conséquences sur la santé
 
La violence au sein du couple (qu’elle soit d’ordre physique, sexuelle ou psychologique) et la violence sexuelle sont source, à court et à long terme, de graves problèmes de santé physique, mentale, sexuelle et procréative chez les femmes.
 
*Ces formes de violence peuvent avoir une issue mortelle – homicide ou suicide, par exemple ;
*Ces formes de violence peuvent causer des traumatismes – 42 % des femmes qui subissent des violences au sein de leur couple signalent des blessures consécutives à l’acte ;
*Ces formes de violence peuvent entraîner des grossesses non désirées, des avortements provoqués, des problèmes gynécologiques et des infections sexuellement transmissibles, dont le VIH. L’étude réalisée en 2013 par l’OMS au sujet des effets efficaces sur la santé associés à la violence à l’égard des femmes à montré que les femmes ayant subi des violences ou des abus sexuels étaient 1,5 fois plus exposées au risque d’infection sexuellement transmissible, et dans certaines régions, au VIH, que les femmes n’ayant pas subi de violences de la part de leur partenaire. Elles sont par ailleurs deux fois plus exposées au risque de subir un avortement.
*La violence au sein du couple pendant la grossesse est en outre associée à un risque de fausse couche, de naissance d’un enfant mort-né, d’accouchement prématuré et d’insuffisance pondérale de l’enfant à la naissance. Cette même étude a montré que les femmes qui subissaient des violences de la part de leur partenaire exposaient à un risque de faire une fausse couche de 16 % supérieur à celui encouru par les femmes qui n’en subissaient pas, et que leur risque d’ accoucher prématurément était plus élevée de 41 %.
*Ces formes de violence peuvent entraîner des dépressions, des états de stress post-traumatique et d’autres troubles anxieux, ainsi que des troubles du sommeil, des troubles de l’alimentation et des tentatives de suicide. L’analyse conduite en 2013 a établi que la probabilité de connaître des problèmes de dépression ou d’alcoolisme était presque deux fois plus élevée chez les femmes ayant subi des violences au sein de leur couple.
*Les effets sur la santé peuvent aussi se caractériser par des céphalées, des douleurs (douleurs de dos, douleurs abdominales et douleurs pelviennes chroniques), des troubles gastro-intestinaux, une mobilité réduite et un mauvais état de santé général.
*La violence sexuelle, en particulier pendant l’enfance, peut entraîner une augmentation du tabagisme et de la consommation de substances psychoactives ainsi que des comportements sexuels à risque. On l’associe en outre à une tendance à favoriser à la violence (chez les hommes) et à être victime de violences (chez les femmes).
 
Impact sur les enfants
 
*Les enfants qui grandissent dans des familles où sévit la violence peuvent souffrir de toute une série de troubles comportementaux et émotionnels susceptibles de les amener à commettre des actes violents ou à en être victimes.
*La violence au sein du couple a également été associée à des taux plus élevés de morbidité et de mortalité chez le nourrisson et l’enfant.
 
Mais quand est né le Moulin de Pont Rû ?
 
Alan Caillaud et Nathalie Guillaume, ont créé en 2018 le Moulin de Pont Rû dans le Val-d’Oise dans la commune de Bray-et-Lû, pour les femmes victimes de violences conjugales, après avoir réalisé à quel point il est difficile de les réinsérer dans la société.
 
Cela fait presque 10 ans que ma compagnie Maeva a été assassinée, d’où mon besoin d’un parcours de réinsertion et de récupération exceptionnel pour pouvoir retrouver ma vie à nouveau. Du fait que psychologiquement je n’y arrive pas, j’ai eu l’opportunité d’être accompagné et de retrouver une réinsertion dans la société. Aujourd’hui, c’est une possibilité pour ma part d’aider les personnes qui ont vécu des violences conjugales à se reconstruire, mais aussi à construire un espace à structure humaine.
C’est ainsi que nous avons décidé en 2018 d’offrir la propriété familiale au profit de ces personnes pour se reconstruire physiquement et psychologiquement.
 
Travaillant en 2008 dans une association humanitaire enfermée dans la bande de Gaza, ce n’est qu’à la suite de l’agression de sa femme en 2012 qu’il se lance dans le développement personnel.
 
« Nous avions besoin de ce lieu familial chargé de valeur, dit-il évoquant le Moulin de Pont Ru. Il est enrichissant et témoigne d’une réelle force du vivant. Le lieu nous incite au bien-être et à la détente. »
 
Des séjours en totale immersion pendant 5 jours
 
Au programme, une multitude d’activités permettant de retrouver calme et sérénité, tout cela dans un cadre atypique, situé dans un domaine de 4000m² qui offre un jardin pédagogique, de jolis endroits où se relaxer et divers espaces en permaculture, tout cela sans oublier la relaxation, les activités de bien-être, les ateliers artistiques ou sportifs et un retour à une alimentation saine… Un environnement propice au ressourcement et à l’expérimentation d’activités hors-normes : boxe, équithérapie, canoë, sauna et bien d’autres encore.
 
En 3 ans, les 300 participantes attestent des impacts positifs de notre accompagnement, notamment en termes de sortie d’isolement et de création d’une nouvelle dynamique.
 
Ce qui frappe à chaque sortie de séjours, ce sont les retours directs des femmes :
 
• énergie, plus boostées ;
• envie d’entreprendre et aller de l’avant ;
• plus de courage;
• pause qui permet de prendre du temps pour elle // quotidien pas évident ;
• Repartant avec des outils pour la suite, explique Garance COUTURIER – a changé de mission des séjours sociaux.
 
Organisation d’un séjour
 
Ces séjours durent 5 jours et il y en a un tous les mois. Une équipe professionnelle accompagne les femmes tout au long du séjour.
 
*Toutes les matinées de 9h à 12h30, ces femmes ont des ateliers de gestion des émotions, avec des exercices de respiration, de yoga, de relaxation et d’expression corporelle. Elles ont un temps de déjeuner de 2h.
*Ensuite tous les après midi, différents ateliers leur sont proposés, ils varient en fonction des saisons. Comme du théâtre, du jardinage, des ateliers manuels, de l’équithérapie, des balades en forêt, du vélo. Un temps libre est prévu en fin de journée pour ensuite dîner.
*Et pour finir ces belles journées, des soirées à thème sont organisées, comme une soirée cinéma ou des soirées jeux.
*Voilà le programme type des séjours femmes. Il existe aussi des séjours pour les enfants de ces femmes pendant les vacances scolaires.
 
En 2023 le projet comptera 12 séjours femmes seules et 4 séjours femmes avec enfants, accueillant 12 femmes par séjour, et 15 enfants à partir de 6 ans.
 
Construction de l’association
 
L’association s’est bâtie avec de nombreuses personnes engagées et de nombreux partenariats, réunis pour soutenir son démarrage : soutiens financiers, soutiens stratégiques (DLA), soutien institutionnels mais aussi le soutien de centaines de bénévoles venus restaurer les bâtiments, pendant 2 ans , explique Alan Caillaud, dans son intervention.
 
Il y a 1 an et demi, grâce à son ami Nicolas Kourim , il a eu la chance de rencontrer Danielle et Patrick de Giovanni, les fondateurs du fonds de dotation DAPAT.
 
« Comme tout jeune porteur de projet, nous avions besoin de regards professionnels et bienveillants et c’est ce qu’ils ont fait : ils nous ont soutenu stratégiquement, logistiquement et financièrement ». En 2021, Danielle est devenue membre du Conseil d’Administration.
 
Le projet dévoilé aujourd’hui est le résultat des 18 derniers mois de cheminement. Il est encore loin d’être arrêté, mais cela donnera une vision et des perspectives sur tout ce qu’il pourra éventuellement devenir.
 
En novembre 2021, la DAPAT a acquis la maison voisine d’une dimension de 900 mètres carrés pour 1,3 hectares de terrain, et l’a mise à disposition de l’association à titre gracieux.
 
« Nous nous sommes tournés vers la forme d’un tiers-lieu qui repose sur les mêmes valeurs du moulin existant : un havre de paix propice au ressourcement et générateur d’un nouvel élan pour des femmes et leurs enfants en situation de vulnérabilité. C « Notre souhait le plus cher de pouvoir les loger, les aider à se reconstruire, se former et les empêcher de retrouver dignité et autonomie », déclare Alan Caillaud.
 
Il travaille pour cela avec le bureau d’études Scoping ainsi que le cabinet d’architecte Dutrevis, qui l’accompagne à la conception et à la concrétisation de ce projet.
 
« Nous voulons en effet des logements indépendants, différents pôles d’accompagnement ainsi que des espaces de formation sur les métiers en tension tels que le maraîchage et la restauration. Le but est d’ouvrir un restaurant d’application et un espace culturel afin que « ce magnifique écrin » ne devienne pas seulement un espace d’entre soi, mais un lieu de rencontre et d’échange. »… « Le projet est ambitieux, mais ces quinze dernières années passées à réaliser mes rêves dans le monde de l’entreprise et de l’associatif m’ont bien fait comprendre qu’à l’impossible nous sommes tenus ! Ensemble nous pouvons faire devenir cette vision une réalité ».. « Tout cela bien sûr à un coût… les dernières estimations du bureau d’études sont d’environ 6 millions d’euros,mais aujourd’hui il nous manque 2 millions d’euros, nous réussirons grâce à nos partenaires ».
 
Le Moulin de Pont Rû est en plein essor dans la mise en place de solutions innovantes et dynamiques pour aider les femmes et enfants victimes de violences en Région Ile-de-France.
 
Quelques ébauches graphiques afin de bien transmettre le potentiel du lieu et du projet 
 
Plusieurs offres de logement pour une cinquantaine de femmes et enfants sont développées et en parallèle, différentes offres d’accompagnement autour de la mobilité, l’insertion sociale, professionnelle, l’insertion par l’activité économique.
 
Aujourd’hui plus 20 000 femmes auraient besoin d’un logement pour quitter la maison du partenaire
 
→ Environ 4 femmes victimes de violences sur 10 ne se voient proposer aucune solution quand elles demandent un hébergement ;
→ Et in fine, seules 12% environ des demandes d’hébergement effectuées par des femmes victimes de violences aboutissent à une orientation sur un lieu adapté à leur parcours spécifique.
 
Près de la moitié des féminicides ont lieu en zones rurales chaque année, une situation amplifiée par le manque de dispositifs spécialisés en direction des Femmes Victimes de Violences sur ces territoires oubliés.
 
L’objectif de l’association Le Moulin de Pont Rû, est prioritaire pour un développement permanent en Ile-de-France, une aide adéquate et une réelle aux attentes des femmes en difficulté, victimes de violences et de leurs enfants.
 
« Le projet est ambitieux, ensemble nous pouvons faire devenir cette vision une réalité ».
 

About Post Author

Ce site Web utilise les cookies. En poursuivant sur ce site, vous acceptez notre utilisation des cookies.