Salon international du Patrimoine culturel, le Salon des Métiers d’Art
Cette 28ème édition était placée sous la thématique « Patrimoine, le défi de la transmission », qu’il s’agisse de transmission de patrimoine immobilier, d’entreprise ou de savoir-faire, thématique illustrée par des conférences, des échanges, des remises de prix.
Organisé par les Ateliers d’Art de France, ce Salon est le rendez-vous annuel des professionnels de la restauration, de la sauvegarde du patrimoine bâti et non bâti ainsi que de la valorisation des métiers d’art.
Lieu de débats et de rencontres, il a accueilli durant 4 jours au Carrousel du Louvre à Paris plus de 300 exposants et 20 000 visiteurs, le grand public avec de plus en plus d’amateurs, les professionnels bien sûr, et d’illustres visiteurs comme le Grand Duc du Luxembourg, la Princesse Yasmine Murat, présidente de l’Association pour le rayonnement français et Stéphane Bern, chargé de la mission « Patrimoine en péril », soutenue par le ministère de la Culture et déployée par la Fondation du Patrimoine pour sauver tant châteaux, jardins qu’édifices religieux ou bâtiments industriels.
Cette année, 11 pays étaient représentés dont la Chine et le Japon.
Quand on parcourt les allées de ce Salon, il nous prend soudain l’envie de connaître tous les secrets de ces professionnels de haute voltige, de tout apprendre en un jour de leur métier qui, en fait, exige des années d’apprentissage et d’expérience.
Contentons-nous de découvrir quelques-uns de ces métiers d’art.
La Tannerie-Parcheminerie DUMAS
Créée en 1926, la manufacture est spécialisée dans les articles de décoration en peau, notamment en « parchemin », matière peu connue mais solide, lisse, transparente ou opaque. Elle est obtenue par séchage de la peau chaulée, non tannée, à la différence du cuir, provenant d’agneau, de mouton, de chèvre, de veau, de porc ou d’âne. On l’utilise pour l’écriture (au Moyen Age, c’était le support privilégié des manuscrits), la reliure, la décoration de meubles. Jadis, elle était essentiellement destinée à la percussion et à l’habillage des abat-jour.
La Tannerie Dumas est inscrite à l’inventaire des Métiers d’Art rares.
À ce jour, on compte trois parchemineries en France et moins de dix en Europe.
Le Moulin à Couleurs d’Ecordal
C’est la dernière fabrique de terres colorantes naturelles en France.
La société fabrique des terres et ocres 100% naturelles, tirées de différentes carrières dans les Ardennes, en Bourgogne, en Allemagne et même en Inde. Elle extraie ainsi la Terre de Sienne, d’Ombre, de Cassel, le pigment Mexico, l’oxyde de fer, l’ardoise, le Blanc de Meudon.
Les terres sont séchées ou calcinées avant d’être broyées pour obtenir une poudre très fine de l’ordre de 30µ.
Elles sont compatibles avec la chaux et le ciment et conviennent pour un usage artistique à l’huile ou à l’acrylique.
L’Atelier Marie-Hélène Poisson
Il se consacre depuis quatre générations à la restauration des meubles et objets en marqueterie Boulle des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Elle fabrique également ses propres créations d’ébénisterie selon les codes de marqueterie Boulle.
André Charles Boulle fut l’ébéniste du Roi Soleil. Il travailla à la décoration intérieure de Versailles.
Il n’a pas inventé la marqueterie mais la perfectionna. Il introduisit des matériaux tels que les cornes teintées, l’étain, l’écaille de tortue et les métaux précieux.
La société Vicat
Elle est l’un des principaux fabricants de matériaux de construction avec Lafarge et St Astier pour la chaux.
Elle présentait le « ciment prompt », ciment à prise rapide, utilisé pour la première fois au 19ème siècle.
Jusqu’en 1920, il a servi exclusivement à la fabrication de pierres factices moulées destinées à la réalisation des façades. Son utilisation s’est largement diversifiée de nos jours.
C’est un ciment « naturel », par opposition au ciment « artificiel » inventé en 1817 par Louis Vicat, mélange de calcaire et d’argile porté à 1450°.
Mélangé à du sable, des graviers, de l’eau et des adjuvants, il donne le béton.
Le parchemin, les terres colorantes, la marqueterie Boulle, le ciment Vicat, le béton … on découvre des dizaines d’autres métiers au Salon du Patrimoine, l’art du papier peint, le verrier décorateur, le ferronnier-forgeron, le restaurateur d’arts graphiques, le sculpteur, le graveur … qui, tous, font des merveilles.
Mais la notion de Patrimoine n’est-elle pas apparue dans l’Antiquité avec Philon de Byzance qui effectua le premier relevé des sept Merveilles du Monde ?
Rendez-vous en 2024 avec la thématique « le Patrimoine et l’Eau », substance la plus utilisée dans le monde … juste devant le béton.