Réforme des retraites : plus d’un million de manifestants pour la CGT, chiffre inférieur au 16 février
L’intersyndicale organise une septième journée de manifestation et de mobilisation contre la réforme des retraites, ce samedi 11 mars.
Dans les transports et l’énergie, la grève continue. Au niveau national, avec 368.000 manifestants selon le ministère de l’Intérieur, c’est la plus faible participation depuis le début de ce mouvement social. Des tensions ont éclaté dans le cortège parisien, notamment.
Dénonçant le “mépris” d’Emmanuel Macron, qui refuse de la recevoir, l’intersyndicale réclame une consultation citoyenne sur la réforme des retraites.
“L’intersyndicale unie dénonce le mépris dans lequel s’obstine Emmanuel Macron qui refuse de la recevoir. (…) Elle demande solennellement au gouvernement d’organiser une consultation citoyenne à ce sujet dans les plus brefs délais”, est-il indiqué dans un communiqué.
En amont de la manifestation parisienne, les responsables syndicaux ont appelé Emmanuel Macron à “consulter le peuple” sur la réforme des retraites. “Puisqu’il est si sûr de lui, le président de la République, il n’a qu’à consulter le peuple. On verra la réponse du peuple”, a dit le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez. “Sans doute il faut aller vers une consultation citoyenne”, a estimé son homologue de la CFDT, Laurent Berger. “J’implore ceux qui dirigent ce pays de sortir de cette forme de déni du mouvement social”, a-t-il ajouté, faisant part de la “sidération” des militants face à la fin de non-recevoir du président de la République.
Selon la CGT, il y a eu plus d’1 million de manifestants en France, ce samedi. Il s’agit du chiffre le plus faible avancé par la centrale syndicale depuis le début du mouvement social, inférieur aux 1,3 million de manifestants du 16 février.
368.000 manifestants en France, dont 48.000 à Paris, selon le ministère de l’Intérieur
Les chiffres officiels des manifestations contre la réforme des retraites montrent une nette baisse. Selon le ministère de l’Intérieur, il y a eu 368.000 personnes dans les rues en France ce samedi, dont 48.000 à Paris.
C’est la plus faible participation aux manifestations au niveau national depuis le début de ce mouvement social. Le 16 février, 440.000 personnes avaient manifesté selon la police (1.3 million selon la CGT).
Le 11 février, pour le précédent samedi de mobilisation syndicale, il y avait eu 963.000 manifestants en France et 93.000 à Paris selon le ministère de l’Intérieur.
Dans le cortège parisien, la CGT a été victime “de jets de projectiles par des éléments radicaux”, selon la préfecture de police. La tête du cortège de la manifestation parisienne, est arrivée place de la Nation vers 17h30, après être partie vers 14h30 de la place de la République.
Les manifestants contre la réforme des retraites étaient nettement moins nombreux samedi pour la septième journée de mobilisation, souvent en dessous du minimum précédent enregistré le 16 février, selon les chiffres des autorités comme des syndicats, après avoir atteint des niveaux record mardi.
« Les journées ne se comparent pas, elles s’additionnent », a justifié le secrétaire général de l’UNSA, Laurent Escure, en tête du cortège parisien.
Certes, son espoir de la voir enterrée s’est largement émietté depuis janvier, mais le porte-parole de l’Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne (Attac) est là, « réaliste », comme il était de toutes les marches, car « cette lutte aura posé pour l’avenir une pierre importante dans le champ de la mobilisation sociale ».
« Même si cette retraite à 64 ans est votée, un message inédit a été passé à Macron : “Non, vous n’avez pas les mains libres pour décider seul”, veut croire le quinquagénaire. Il y a bien longtemps que les organisations syndicales n’avaient pas fait front, sans plier et avec le soutien de la population. Tout le défi maintenant est de poursuivre ce mouvement social des idées. » Ecologie, répartition des richesses, hausse des salaires, taxation des plus riches : pour le responsable d’Attac, le programme des futurs combats est déjà posé. Et les victoires, ou leur espoir au moins, reposeront sur la capacité à faire vivre « cet élan populaire rare ».
Plusieurs secteurs ont maintenu ou intensifié des grèves reconductibles depuis le 7 mars. La situation est variable dans les raffineries. Celle d’Esso-ExxonMobil de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) est à nouveau bloquée depuis vendredi après-midi, comme celle de TotalEnergies à Donges, près de Saint-Nazaire. Vendredi, la raffinerie voisine de TotalEnergies à la Mède restait elle aussi bloquée, tandis que celle de Petroineos devrait également l’être jusqu’à lundi matin, selon la CGT.
Coté production électrique, l’une des armes principales des grévistes, la CGT Energie a évoqué de nouvelles coupures de courant volontaires et des grèves de gaziers dans l’ensemble des terminaux méthaniers et des stockages de gaz aujourd’hui. Depuis le 7 mars, la CGT Mines-Energie a revendiqué des baisses de production dans toute la France. Sur la seule journée du 7 mars, les grévistes ont eu la main sur 21 000 mégawatts (MW) de production électrique chez EDF, selon le syndicat, dont 13 000 sur les centrales thermiques et nucléaires (l’équivalent d’une douzaine de centrales), et 8 000 de puissance hydroélectrique dans les barrages. Des chiffres baisses de production qui auraient perduré de manière plus modérée durant la semaine.
Face au silence du gouvernement, les syndicats avertissent contre un durcissement toujours possible, dans ce secteur qui représente un important levier de pression. “Il y a des voix qui s’élèvent depuis plusieurs jours pour dire : puisque le gouvernement reste sourd, il faut faire plus dur”, a prévenu vendredi Fabrice Coudour, secrétaire général de la CGT Energie.
Le secteur des transports reste l’un des plus mobilisés. Après une semaine déjà chaotique pour les usagers, les prévisions de circulation du week-end “restent fortement perturbées”, selon la SNCF, avec la moitié des TGV Inoui et Ouigo supprimés, ainsi que 60 % des TER. Elle appelle d’ailleurs ses usagers à “annuler ou reporter leurs déplacements ce week-end”. Le trafic grande vitesse sera particulièrement diminué sur les axes Nord et Atlantique avec 60 % de trains supprimés tandis que sur les axes Est, Sud Est et sur le Ouigo, on comptera un train sur deux.
À la RATP, les blocages se calment au cinquième jour d’une grève reconductible. Le trafic sera “normal à l’exception de quelques lignes” de métros à Paris : il est prévu deux trains sur trois sur la ligne 11 dans l’après-midi, et trois trains sur quatre sur la ligne 6, également dans l’après-midi. Comme les jours précédents, les réseaux de bus et tramways fonctionneront normalement. Les RER A et B resteront “perturbés”, selon la Régie. Il n’y aura qu’un train sur deux sur le RER A et deux sur trois sur le RER B (avec interruption de l’interconnexion à Gare du Nord) aujourd’hui. Dimanche, le trafic sera normal sur la quasi-totalité des lignes du métro, sauf sur la 13 où il sera “quasi normal”, a annoncé ce samedi la Régie.
Coté transports aériens, la grève des contrôleurs a poussé la direction générale de l’Aviation civile (DGAC) à demander aux compagnies aériennes d’annuler 20 % de leurs vols prévus ces samedi et dimanche dans plusieurs aéroports, notamment “au départ et à l’arrivée des aéroports de Paris-Orly, Marseille, Toulouse, Nantes et Bordeaux”.
Les jeunes rejoignent les syndicats pour résister à la réforme des retraites. Plus de 30 universités ont été bloquées et ont manifesté en France contre la réforme imposée par le gouvernement d’Emmanuel Macron.
Les lycéens et étudiants sont solidaires pour manifester que les jeunes sont dans la rue comme en mai 68, ou en 1995 et 2016, ils espèrent que le président gardera leur avis. Sinon, la jeunesse lycéenne et universitaire va se révolter comme en 1968 ou 1995, l’ont-ils précisé aujourd’hui lors de la manifestation.