Paris: un hommage rendu à un ouvrier décédé sur un chantier des Jeux olympiques
Amara Dioumassy, un ouvrier malien décédé dans un accident du travail en juin 2023, sur le chantier du bassin d’Austerlitz à Paris.
Une centaine de militants syndicaux et membres de sa famille, certains en pleurs, se sont réunis samedi sous une pluie battante sur le lieu du drame au square Albert Tournaire (Paris 12e) à 14h pour réclamer reconnaissance et justice pour Amara.
Il y a presque un an, le 16 juin 2023, la marche arrière d’un engin sur le chantier du bassin de stockage d’Austerlitz (Paris XIIIe) lui a été fatale. Amara est mort devant ses collègues de l’Urbaine de travaux-Darras et Jouanin, l’entreprise œuvrant pour la Ville de Paris, maître et financeur du projet.
Les secours n’ont rien pu faire. Amara a été transporté mort à l’Institut médico-légal (IML) juste à côté. Un mois plus tard, la victime a fait « son dernier voyage, dans un cercueil », se désole Lyes Chouaï, délégué syndical CGT de la SADE, l’entreprise qui employait le conducteur de camion, alors filiale de Veolia. Le corps a été rapatrié au Mali, dans la soute d’un 747 d’Air France.
L’ouvrier malien travaillait pour une filiale de la société Veolia. Si les chantiers gérés par la Solideo, la société de livraison des ouvrages olympiques, bénéficient de contrôles renforcés, ce n’était pas le cas sur celui d’Amara, qui était un chantier ville de Paris. La protection des ouvriers n’y était pas une priorité, affirme Jean-Albert Guidou, secrétaire général de la CGT de Bobigny : « Les conditions de sécurité les plus banales n’étaient pas appliquées, c’est pour ça qu’Amara est décédé. »
Malgré nos cris d’alerte via les media, les réseaux sociaux, et l’interpellation de la plus grande instance représentative du groupe Véolia le comité de groupe européen nous n’avons encore rien fait pour rendre justice à Amara.
La Sade et la ville de Paris doivent s’expliquer : Nous demandons les résultats de l’enquête de l’inspection du travail et de la gendarmerie. Les manquements à la sécurité de l’employeur doivent conduire à sa condamnation pour faute inexcusable et aboutir à une démarche au pénal.
Si les conclusions le permettent, il s‘agira de faire reconnaître pénalement la faute inexcusable de l’employeur.
Amara laisse derrière lui 12 enfants, dont un bébé. Orphelins de père, ils doivent être indemnisés. Réparation intégrale pour la famille d’Amara !
Les soutiens de cet ouvrier expérimenté dans le BTP dénoncent de graves manquements à la sécurité sur ce chantier dirigé par la SADE, avec la Ville de Paris pour donneuse d’ordre.
Sollicités par l’AFP, la mairie de Paris et Veolia ont rappelé que l’enquête judiciaire était toujours en cours pour déterminer les responsabilités, assurant y avoir pleinement coopéré.
La cérémonie intervient à la veille de la Journée mondiale de la sécurité au travail, dont la France est une mauvaise élève, avec deux personnes qui meurent chaque jour sur le lieu du travail, la pire incidence de l’Union européenne.
Les manifestants ont également exprimé « douleur » et « colère » avant l’inauguration du bassin d’Austerlitz, prévue ce jeudi 2 mai, au cours de laquelle la mairie a dit vouloir « rendre hommage » à Amara Dioumassy.
Au total, 181 accidents du travail ont été recensés, dont 31 graves depuis le début des travaux liés aux Jeux olympiques. En 2021 en France, on dénombrait encore 640 000 accidents du travail, dont 39 000 graves et 696 mortels, selon des chiffres de l’Assurance maladie, l’organisme public qui indemnise les victimes.