Manifestations contre le pass sanitaire à travers la France
Les militants anti- pass sanitaire ont manifesté samedi 31 juillet. Des défilés ont eu lieu à Paris mais aussi en province.
Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, 204.090 manifestants dont environ 14.250 à Paris ont défilé à travers la France contre le pass sanitaire. Au total, on a recensé 184 actions.
Le but du mouvement est de protester contre les dernières mesures sanitaires imposées par le gouvernement. L’extension du pass sanitaire et la vaccination obligatoire pour de nombreux professionnels sont les principales revendications. Au bout de 3 semaines, la mobilisation ne faiblit pas.
Les manifestations parisiennes
Les cortèges
Dans la capitale, pas moins de 4 manifestations étaient déclarées. Toutefois, la police craignait les manifestations non déclarées pouvant entraîner des heurts. C’est pourquoi, le préfet avait prévu le déploiement de 3 000 policiers à Paris. Les Champs Elysées étaient sous haute surveillance après les incidents du 24 juillet dernier.
Un cortège est parti de la place du Palais Royal (75001) en direction de la place Pierre Laroque (75007). Un second allait de la place Joachim du Bella(75001) pour se rendre place du Palais Royal. (75001). La manifestation la plus longue partait de Villiers (75017) vers la place de la Bastille (75011). Parmi les participants se trouvait des « Gilets Jaunes » dont Jérôme Rodriguez.
L’appel de Florian Philippot
Florian Philippot, fondateur du mouvement « Les Patriotes », avait appelé à manifester entre Montparnasse (75014) et la place Fontenoy (75007), vers le ministère de la santé.
Le candidat à la présidentielle 2022 veut conduire un mouvement « pour la liberté, contre la tyrannie ». Ce positionnement intervient alors que le Conseil constitutionnel examine la loi d’extension du pass sanitaire. Il coincide aussi avec l’entrée de la mise en vigueur des mesures sanitaires le 21 juillet dernier. « Le Conseil constitutionnel a intérêt à censurer la #LoideLahonte le 05/08 car nous avons prévu samedi quelque chose d’immense, un coup de force phénoménal » a-t-il twitté.
Les rassemblements précédents
Dans les rassemblements précédents, on a pu voir des politique dont Nicolas Dupont-Aignan ou François Ruffin. Véronique Genest, Francis Lalanne ou Jean-Marie Bigard étaient aussi présents. Par ailleurs, les manifestants ont plusieurs tendances. On retrouve des personnes vaccinés qui n’acceptent pas le pass sanitaire mais aussi des gens contre la vaccination. Semaines après semaine, on a constaté un accroissement du nombre des participants. La semaine dernière, ils étaient 161.000 dont 11.000 à Paris, selon Beauvau.
Rassemblement Villiers-Bastille
Ce rassemblement a réuni un très grand nombre de personnes, mêlant « Gilets Jaunes » aux pro et anti vaccins ainsi que des personnes vaccinées.
Partis du métro « Villiers » à 14h, le cortège s’est dirigé vers la Bastille, via Place de Clichy, rue de Châteaudun, République par le bd Magenta et bd Beaumarchais. Sur les pancartes, on pouvait lire « Non à la dictature »!, « Liberté », « Terreur sanitaire » , « Oui à l liberté vaccinale, Non au pass sanitaire » ou encore « Ni Pro, ni Anti vaccin, Juste avoir le choix ». On pouvait voir des drapeaux tricolores dans la foule et la Marseillaise a retenti le long du défilé.
Des tensions avec les forces de l’ ordre ont éclaté aux abords du Moulin Rouge vers 15h. Cela s’est aggravé aux alentours de la République où la police a utilisé les gaz lacrymogènes face à certains manifestants qui lançaient de projectiles et des pétards. Enfin, la police a utilisé les canons à eau à l’arrivée de la manifestation place de la Bastille, pour tenter de disperser la foule. Les pompiers ont du intervenir pour des feux de poubelles durant le défilé. Vers 19h, les derniers manifestants quittaient la place. Au total, la police a interpellé 72 personnes parmi lesquelles on note 25 gardes à vue dont 2 mineurs. Elles sont entendues pour violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique, participation à un groupement en vue de commettre des violences ou des dégradations, outrage, rébellion et détention d’engins explosifs. Les forces de l’ordre comptent 3 policiers blessés.
Rassemblement à l’appel de Florian Philippot
Cette manifestation était l’autre grand défilé contre le pass sanitaire . le cortège est parti à 14h30 de la place du 18 juin, quartier Montparnasse pour rejoindre la place Fontenoy. L’extension du pass sanitaire et l’obligation vaccinale étaient là aussi au centre des revendications. L’annonce du ministre de l’éducation concernant « l’éviction des enfants non-vaccinés » a suscité la colère et augmenté la mobilisation. Les opposants refusent cette apartheid scolaire. De son côté, la FFF a annoncé que le pass sanitaire sera requis pour pouvoir jouer au football et accéder aux vestiaires ainsi qu’aux tribunes avant chaque entraînement ou chaque match de compétition. Cette mesure s’applique aussi aux autres fédérations sportives.
Dans la foule, la majorité des participants était non masquée. On pouvait voir une multitude de drapeaux tricolores . Sur les pancartes on pouvait lire: « Non au passeport sanitaire », « Liberté », « Passe ton chemin #PassDeLaHonte »…. Par ailleurs, on a pu lire et entendre des slogans hostiles au président de la république et aux médias.
Du début à la fin, le président des « Patriotes » s »est tenu derrière une banderole sur laquelle on pouvait lire « Vaccinés ou pas, Tous unis ». Ses partisans ont entonné la Marseillaise. La fin de la marche a vu des prises de paroles dont celle de Florian Philippot. La manifestation s’est passée dans le calme malgré une prise à partie des journalistes de l’AFP au départ. Pourtant, ils avaient pu réaliser des interviews avant le départ. Suite aux insultes et aux actions les empêchant de filmer, l’AFP a décidé de suspendre sa couverture en images.
Les manifestations en province
De nombreux rassemblements en province dont Bordeaux, Lyon, Marseille et d’autres grandes villes. Tous ont défilé en scandant « Liberté » mais aussi des slogans contre le Président de la République et les médias.
- Aix-en-Provence: 2 200 personnes.
- Avignon: 3 000 personnes.
- Bordeaux: 5 500 personnes contre « la dictature » et « l’exclusion vaccinale ».
- Belfort: Près de 2 000 personnes au son des tambours. Dans la foule, on entendait « Liberté » ou « Macron démission! » Des manifestants ont jeté des œufs sur la façade de France Bleu Belfort-Montbéliard et ont tenté d’entrer dans les locaux du journal l’Est Républicain.
- Caen: 5 000 personnes.
- Lille: Plus de 2 000 personnes dont des « Gilets Jaunes. 4 personnes interpellées.
- Lyon: Plus de 1 200 personnes et 8 interpellations. Des heurts suite à une manifestation non autorisée sur la place Bellecour.
- Marseille: Près de 5 000 personnes de divers bords. On pouvait voir le drapeau communiste, celui de LFI ou le tricolore marqué d’une croix de Lorraine. Sur les pancartes, on lisait: « Tous des lâches », « Président, députés, sénateurs, scientifiques, journalistes tous des lâches » ou encore « Je ne suis ni un cobaye, ni un QR code ».
- Metz: 3 000 personnes.
- Montpellier: 8 500 personnes qui scandaient: « On est là, on est là et si Macron ne veut pas nous on est là! » Un pharmacien a du plier sa tente de tests face à des insultes de manifestants.
- Nantes: près de 4.000 personnes dans une ambiance « très tendue.
- Nice: 6 500 personnes le long de la promenade des Anglais.
- Pau: 4 000 personnes.
- Perpignan: Entre 3 000 et 4 000 personnes.
- Quimper: 1 800 personnes, moins que la semaine dernière.
- Rennes: 2 900 personnes, mobilisation en hausse par rapport au 24 juillet. Des pancartes explicites: « Je suis le juif de Macron », « vaccinez-moi contre le fascisme et le capitalisme » ou « Médias menteurs ! On veut la vérité » dans une ambiance festive.
- Strasbourg: 3 200 personnes. Présence de la député ex-LREM Martine Wonner.
- Toulon: un des plus grands rassemblements de France, sans heurts. Une mobilisation presqu’aussi forte que dans la capitale avec 13 000 personnes.
- D’autres rassemblements ont eu lieu à travers la France.
Réactions politiques
A Montpellier, le maire de la ville, Michaël Delafosse trouve « inadmissibles et choquantes », les insultes adressées au pharmacien qui a du retirer sa tente de dépistage. Il a été rejoint par le Ministre de la Santé, Olivier Véran.
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a remercié les « policiers et les gendarmes mobilisés partout en France pour encadrer les manifestations ». Il a assuré un » plein soutien aux 3 policiers blessés et à tous les policiers et gendarmes qui ont été pris à partie ».
De son côté, Marine Le Pen, présidente du Rassemblement National (RN) s’est exprimée sur les réseaux sociaux: « Le gouvernement doit entendre la légitime inquiétude exprimée tant sur l’efficacité que sur les atteintes à la liberté et à l’égalité que suscite le #PassSanitaire. Il est encore temps de faire marche arrière ».
Jean-Luc Mélenchon a écrit sur Twitter: « Les marches de ce samedi doivent être comprises et respectées. Le #PassSanitaire est une fausse bonne idée. Un contrôle généralisé absurde, incohérent et dangereux par l’illusion de protection qu’il répand ».
Les manifestations à l’étranger
Il n’y a pas qu’en France que les » anti- pass » manifestent. L’Italie et l’Australie vivent aussi des manifestations contre le pass sanitaire.
Italie
Des milliers de manifestants dans tout le pays pour protester contre l’adoption d’un pass sanitaire obligatoire pour accéder aux lieux fermés à partir du 6 août. Sur les pancartes on pouvait lire:
- « Liberté! », « Non à la dictature » (Naples).
- « Mieux vaut mourir libre que vivre comme un esclave » (devant la cathédrale de Milan).
- Les mots « Les vaccins vous rendent libres » accompagnaient une photo du portail du camp d’extermination d’Auschwitz portant l’inscription « Arbeit macht frei » ( Rome). Florian Philippot s’était rendu à Rome pour manifester auprès des Italiens. Il était muni d’un pass sanitaire.
- Les manifestants portaient des étoiles jaunes où était inscrit « non vacciné » (à Gênes) .
Australie
- A Sydney, des échauffourées ont eu lieu entre policiers à cheval et manifestants. Les habitants de la ville ont reçu l’ordre de rester chez eux pendant un mois.
- A Melbourne, des milliers de personnes ont envahi les rues après s’être rassemblées devant le parlement de l’État de Victoria. Sur les pancartes, on pouvait lire « Wake up Australia » (Australie, réveille-toi).