Les asiatiques de nouveau agressés en Ile de France
Les premières agressions contre la communauté chinoise en France ont commencé en 2010. Les ressortissants avaient défilé à Belleville en juin 2010 puis en 2011 pour une meilleure protection de la police.
En juin 2010 puis en 2011, la communauté chinoise avait déjà organisé des manifestations à Belleville, pour exiger une meilleure protection des services de police. En 2013, les attaques ont commencé à cibler les cars de touristes.
Les voleurs sévissaient dans les quartiers touristiques, les hôtels, les restaurants de la capitale et les aéroports. Avec le temps, des violences accompagnaient les vols et se déroulaient contre des bus entiers.
Les délits n’ont cessé de croître poussant le gouvernement chinois à intervenir auprès des autorités françaises protéger leurs ressortissants. L’image de ces touristes est celle de personnes portant beaucoup de liquide pour acheter des produits de luxe. Ils préfèrent, pour la plupart, ne pas porter plainte, car ils ne sont dans le pays que pour quelques jours.
Les agressions de résidents sur le territoire français
Malheureusement, durant les années suivantes, les attaques ne se limitent plus aux touristes. Les attaques de ressortissants asiatiques et particulièrement d’origine chinoise se sont multipliées. Elles visaient ces personnes uniquement parce que les « voyous » pensaient qu’elles avaient beaucoup de liquide sur eux. Ces actes gratuits ont touché leur paroxysme au mois d’août 2016 avec le décès à Aubervilliers (93) d’un père de famille chinois, couturier.
Depuis quelques temps, les agressions progressaient à Paris et dans l’est de la capitale, apportant un sentiment de peur dans la population asiatique y résidant. L’idée que les « Chinois » ont de l’argent reste le leitmotiv des délinquants. Pour sécuriser leurs compatriotes, la jeune génération, issue d’une intégration réussie, à l’instar de l’AJCF (Association des Jeunes Chinois de France) organise des réunions. Elle conseille de ne pas sortir seul mais en groupe et d’éviter les horaires tardifs. Et surtout, il ne faut pas avoir peur de porter plainte. Le nombre est passé d’une trentaine en 2015 à 105 dans les 8 premiers mois de 2016.
Le meurtre de Chaoli Zhang à Aubervilliers
Suite au décès de Chaolin Zhang, le 7 août 2016, 2 manifestations ont lieu à Aubervilliers, les 14 et 21 août 2016. Une troisième se tient le 4 septembre à Paris, de la République à la Bastille en présence de Valérie Pécresse. Elle réunit près de 50 000 personnes. Les doléances reposent sur la sécurité avec d’avantage de policiers et de caméras de vidéosurveillance dans les lieux sensibles. Il réclament d’avantage de traducteurs et un temps d’attente moins long lorsqu’ils portent plainte.
Le procès de 2 des 3 agresseurs a débuté en juin 2018 pour motif de « vol avec violence ayant entraîné la mort ». Au bout de quelques jours, le tribunal retient le caractère « raciste » . Il requiert 8 et 15 ans contre les accusés. Le 3ème, mineur de 15 ans à l’époque des faits, est condamné à 5 ans dont 3 avec sursis.
Le cas Shaoyo Liu
En mars 2017, un ressortissant chinois demeurant dans le 19ème arrondissement de Paris est mort suite à une intervention de la BAC lors d’une intervention pour un différent familial signalé par un voisin. Un policier a abattu le père de famille sans sommation devant sa famille. Suite à cela,
L’ouverture de deux enquêtes, l’une par l’IGPN, la police des polices, l’autre par le parquet de Paris, l’IGPN a ordonné une enquête ainsi que le parquet de Paris. Pourtant la colère des ressortissants n’a pas été apaisée et plusieurs rassemblements ont eu lieu devant le commissariat local. Cependant, l’affaire a pris un caractère diplomatique avec l’intervention de Pékin qui a demandé à la France de protéger ses ressortissants. Paris a répondu en renforçant les dispositions réservées à l’accueil et la sécurité de ces derniers. Malheureusement, le fléau de ces attaques perdurent et prend un nouveau tournant.
Les choses commencent à changer
Les années 2018 et 2019 révèlent une agression tous les 3 jours dans le Val-de-Marne. La raison est toujours la même: « les Chinois ont toujours du cash »(ce qui n’est pas toujours vrai) et « se faire un Chinois permet d’intégrer une bande ». Les associations affirment qu’il faut en compter une tous les 2 jours sur toute l’Île-de-France. Elles déplorent d’ailleurs que le caractère raciste soit encore négligé. Toutefois, le parquet de Créteil en a tenu compte autant que possible en le soulignant dans 19 affaires sur 22 élucidées.
Dès lors, les associations se battent pour que les Asiatiques entrent d’avantage dans la lutte anti-raciste. SOS Racisme propose un projet pilote pour démanteler les préjugés dans les établissements scolaires d’Île-de-France. En effet, les adolescents sont souvent à la base de ces agressions. L’autre réponse au problème est la vidéosurveillance que demandent es associations. Il faudra un certain temps pour que les villes soient prêtes.
L’autre visage des relations entre la France et les touristes chinois
Alors que la crise des « Gilets Jaunes » a impacté l’économie française, le phénomène risque d’effrayer la clientèle touristique internationale. Les visiteurs chinois en étant une majorité, les professionnels du tourisme ont décidé de les chouchouter. Il était donc important d’éviter tout désagrément lié à des vols et agressions. En effet, entre 2008 et 2018, le nombre de touristes chinois s’est multiplié par 3,7 en Ile-de-France. En référence au nombre d’arrivées hôtelières comptabilisées par le Comité régional du tourisme, il atteignait 1,793 million. Ils sont aussi les visiteurs étrangers qui dépensent le plus d’argent ( 1 525€ en moyenne par personne).
Désormais, les habitudes des touristes évoluent, c’est aussi le cas chez les touristes chinois. S’ils avaient pour habitude de voyager en groupe, 50% d’entre eux préfèrent se déplacer individuellement grâce aux nouvelles technologies. Grâce au partenariat signé entre Alibaba (Fliggy), la région IDF et Atout France (organisme de promotion de la France à l’étranger), des facilités pour les touristes chinois sont possibles pour les utilisateurs d’application « We chat ». L’achat de titres de transport (SNCF et RATP) peut se faire via l’appli. Le paiement dématérialisé est plus sécuritaire et permet d’éviter les espèces sur soi, un moyen de lutter contre la délinquance.
Appel à la haine contre la communauté asiatique sur les réseau sociaux
Aujourd’hui, la communauté asiatique doit faire face à une nouvelle sorte d’épreuves. Elle doit réagir contre une campagne de dénigration et d’appel à la haine sur les réseaux sociaux contre la communauté.
Depuis l’apparition du coronavirus en Chine et sa propagation à travers le monde, la Chine et ses ressortissants sont victimes d’accusation. Une résurgence de racisme anti-asiatique est apparue, d’où la création du hashtag #JeNeSuisPasUnVirus. Ce phénomène existait avant l’annonce du virus, mais depuis, on assiste à une recrudescence d’insultes et de blagues de mauvais goût. La xénophobie s’installe petit à petit dans le monde entier.
Depuis quelques jours, des « appels à agresser chaque Chinois dans les départements 91, 92, 93, 94 et 95″circulent sur les réseaux sociaux: Attaquer les Chinois ici signifierait venger les Ouïghours. Suite à de nombreux signalements, l’AJCF et le comité « Sécurité pour tous » en ont dénoncé les dérives. Ils demandent de signaler les tweet et messages mais de ne plus les relayer.
L’AJCF et la LICRA portent plainte
Après les plaintes de l’AJCF, le parquet vient d’ouvrir une enquête pour « provocation publique à commettre une atteinte à l’intégrité physique d’une personne à caractère raciste » (Plus simplement, « Appels à la violence contre des Asiatiques »). La LICRA a également fait part qu’elle portait plainte. Les investigations ont été confiées à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP). Rappelons que ce genre de délit est puni par 5 ans d’emprisonnements et 45 000€ d’amende.
Par ailleurs, une plainte a été déposée et un signalement réalisé sur la plateforme Pharos, chargée de détecter les contenus en ligne illicites. A la suite de celle-ci, les tweets les plus virulents étaient devenus invisibles et des comptes ont été suspendus.
Les collectifs demandent donc aux asiatiques de prendre le maximum de précautions et de veiller les uns sur les autres. Ils conseillent aussi à chaque victime ou témoin d’agression ou propos racistes, de porter plainte ou le signaler à l’association. « Sans plainte, il n’y a officiellement aucun délit, crime ou même victime », a déclaré Sun Lay Tan, porte-parole du « Comité Sécurité pour Tous ». Ce dernier prépare un guide pratique pour porter plainte à l’attention des personnes asiatique qui malheureusement ne le font pas souvent.