Le paradoxe du désir
Un quatuor pétiilant, débordant d’énergie, dans lequel chacun des comédiens vous fait d’emblée entrer dans la danse, dans une farandole endiablée qui vous tient en haleine jusqu’à la fin … le tourbillon de la vie!
« On s’est connu, on s’est reconnu, on s’est perdu de vue, on s’est r’perdu de vue » … on connait la chanson.
Iris, la diva charmeuse, Alice, la jeune critique de théâtre éthérée, Robert, le kéké metteur en scène, Anton, le romancier à succès tourmenté, se retrouvent pour discuter du montage d’une pièce écrite par Anton pour Iris, qui serait mise en scène par Robert, assisté d’Alice…
Des retrouvailles troublantes …
Pour des personnages drôles et touchants, joués respectivement par Codrina Pricopoia qui signe également la mise en scène, par Alexia Séféroglou, par Samy Rahal et par Geoffroy Vernin, quatre artistes pleins de fougue et particulièrement convaincants !
Mine de rien, au fil de dialogues aux nuances subtiles, la pièce aborde avec humour les questions du choix de l’auteur, des acteurs, du metteur en scène.
Et là, font irruption les histoires personnelles, amours passées, passions et déceptions, quiproquos, qui vont parasiter les tractations.
Les regards enjôleurs d’Iris ne séduisent plus Robert, qui en pince pour Alice, laquelle s’enflamme pour Anton qui, lui, est amoureux d’Iris … Un chassé-croisé emprunt d’érotisme et de fantaisie qui laisse chacun exsangue.
Tandis qu’Iris noie son spleen dans le retsina, Robert, sportif, moule-bite et chemise à fleurs, roucoule à tue-tête à Alice « C’est un endroit qui ressemble à la Louisiane, à l’Italie » pour l’attirer dans sa maison de campagne pour … travailler sur la mise en scène …
Rateau ! Rateau aussi pour Alice, laquelle laisse Anton de marbre.
« L’homme ne prend conscience de ses désirs que lorsqu’ils ne sont pas satisfaits », nous dit Schopenhauer.
Le paradoxe du désir ! Un sujet au coeur de la vie.
Le désir ! Source de souffrance, mais moteur indispensable de la vie.
Complexité du désir amoureux, frustrations, illusions, espoirs, bonheur impossible ? Est-ce que ça finirait toujours mal?
Iris, l’actrice, ne l’accepte pas. Pour la pièce d’Anton, elle veut une happy end. « Marre de jouer devant des salles vides ! »
Plaire au public, c’est ce qui lui importe !
Anton, l’auteur, lui, s’y oppose vivement. Il veut raconter une histoire, s’attacher à la vérité des sentiments.
Un auteur écrit-il pour caresser le public dans le sens du poil ou bien pour le provoquer, le surprendre, l’inciter à réfléchir, à faire appel à ses émotions et à sa propre histoire ?
La pièce s’interroge ainsi sur l’écriture, sur le théâtre, au travers de l’exploration du sentiment amoureux.
Et finalement, ça finit comment ? …
Iris et Anton, amoureusement enlacés, repartent dans le tourbillon de la vie, tous les deux enlacés, tous les deux enlacés … tous les deux enlacés …
Une pièce d’Ana-Maria Bamberger, magnifiquement écrite, intelligente et drôle, mise en scène de façon sobre et efficace par Codrina Pricopoaia.
Jusqu’au 25 février 2024 au Guichet Montparnasse 15 rue du Maine Paris 14ème.
Les vendredis et samedis à19h, les dimanches à 15h.