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La diaspora ivoirienne de Paris se mobilise contre un 3ème mandat de Ouattara

L’histoire de la Côte d’Ivoire et celle de la France sont liées depuis des siècles à commencer par l’histoire du pays et la politique.

Devenue colonie française en 1893, la Côte d’Ivoire est incluse dans la Fédération de l’ouest africain l’AOF (Afrique Occidentale Française), entre 1906 et 1958. Après des années de répression et de tension avec l’opposition et des milliers de militants indépendantistes arrêtés, la loi-cadre de réforme de l’outremer de 1956 décide du transfert de pouvoirs de Paris vers des autorités locales, sans pour autant freiner le mouvement vers l’indépendance.

En  décembre 1958, la Côte d’Ivoire devient une république autonome par un référendum, créant la Communauté française entre la France et ses anciennes colonies. Après avoir été dirigé par un premier ministre, Auguste Denise, un nouvel homme arrive au pouvoir en avril 1959, Félix Houphouët-Boigny .

Président fondateur à vie s’appuyant sur son parti unique, le Parti démocratique de la Côte d’Ivoire (PDCI),  il était aussi un des fondateurs du Rassemblement démocratique africain (RDA), parti politique d’avant l’indépendance pour toute l’Afrique occidentale française sauf la Mauritanie.

En 1944, il commence sa carrière en fondant le Syndicat agricole africain, noyau du PDCI. Elu d’une courte majorité à la première assemblée constituante après la seconde guerre mondiale, il représente la Côte d’Ivoire à l‘Assemblée nationale de 1946 (date à laquelle il propose une loi abolissant le travail forcé) à 1959 où il est premier ministre avant d’être élu président en 1960 Il sera ensuite réélu tous les 5 ans à partir de 1965 jusqu’en  décembre 1993, année de son décès son parti unique, le PDCI-RDA, occupe tous les sièges de l’Assemblée nationale. Par ailleurs, la citoyenneté française est accordée aux sujets africains et le droit de s’organiser politiquement reconnu à la même époque). Il est ministre de la République durant 3 ans, se consacrant essentiellement aux organisations politiques inter-territoriales au sein de l’AOF, et à l‘amélioration des conditions de travail.

Il est aussi le créateur du Conseil de l’entente (organisation de développement économique) avec le Niger, la Haute-Volta (Burkina Faso), le Togo, et le Dahomey (Bénin) en 1959,  affirmant que la seule voie pour la solidarité africaine est le développement économique progressif et la coopération politique et reconnaissant le principe de non-intervention dans les affaires internes des États africains.

Le 4 octobre 1958HouphouëtBoigny est un des signataires, aux côtés de De Gaulle, de la constitution de la Ve République. Plusieurs fois ministre d’Etat  dans différents gouvernements entre 1956 et 1961, son dernier poste est celui de ministre conseiller du gouvernement Michel Debré du 23 juillet 1959 au 19 mai 1961.

Bien que devenu indépendant en août 1960, le pays reste lié à la France par sa monnaie dirigée par la Banque de France, par le biais de l‘union monétaire d’Afrique occidentale (franc CFA) et de nombreux investissements français rendant l’économie ivoirienne dépendante de la France ; l’autonomie  permet à la Côte d’Ivoire de ne  plus partager ses richesses avec les autres colonies pauvres du Sahel, augmentant de 152% le budget de l’administration ivoirienne.

Le 21 avril 1961,  un accord d’assistance militaire est signé avec la France ainsi qu’avec le Dahomey et le Mali. En 1964, la polygamie est abolie. Les années 1980 sont sujettes à des agitations étudiantes, une révolte de barons du régime et la naissance d’une opposition clandestine ainsi que la révélation d’un leaderLaurent Gbagbo, fondateur du  Front populaire ivoirien (FPI), et s’exile en France.

En 1989, il crée un prix pour la recherche de la paix parrainé par l’Unesco pour résoudre tout conflit à l’intérieur comme à l’extérieur des États , il est attribué chaque année par un Jury international, composé de 11 personnalités originaires des cinq continents,et décerne un chèque de 122 000 euros.

Plusieurs réformes marquent la fin de son règne, tout en préparant sa succession vers la voie de la démocratisation en 1990:

  • 14 partis politiques sont formés et autorisés le 5 mai .
  • Pour la première fois, 2  candidats se présentent à l’élection présidentielle : Laurent Gbagbo qui obtient 18 % des voix face au président sortant. Laurent Gbagbo sera arrêté ainsi que son épouse en 1992 et restera emprisonné plusieurs mois.
  • Des élections pluralistes, où les étrangers dont les burkinabés sont électeurs, ont lieu : le PDCI-RDA remporte 175 sièges, contre 8 au FPI.

A la mort d’Houphouët-Boigny , Henri Konan Bédié assure l intérim en tant que président de l’Assemblée nationale, puis  est élu le 22 octobre 1995, il perd le pouvoir lors d’un putsch à Noel 1999.  Les manifestants mettent au pouvoir Laurent Gbagbo suite aux élections de  2000  où la candidature d’Alasaane Ouattara du RDR avait été exclue pour doutes sur la nationalité, ainsi que celle de Bédié pour ne pas avoir consulté le collège médical désigné par le Conseil constitutionnel, mais le général Robert Guéï refuse les résultats et est assassiné lors du putsch manqué du Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire (MPCI) en 2002. Le 19 septembre, la guerre civile éclate, il en résultera une crise politique lors de l’élection présidentielle de 2010 malgré la signature de l’accord politique de  Ouagadougou le 4 mars 2007,  remis en cause par la suite.

Alassane Dramane Ouattara (ADO) est vainqueur des élections devant Laurent Gbabo, selon la Commission Électorale Indépendante (CEI),  l’ONUCI et une grande partie de la Communauté internationale. Le 21 mai 2011, il est investi président de la République après de violents affrontements à Abidjan et en province. Toutefois, Laurent Gbabo est  déclaré vainqueur par le Conseil constitutionnel, et refuse de quitter le pouvoir, il est finalement arrêté et incarcéré auprès de la Cour pénale internationale à La Haye, il est acquitté en première instance en janvier 2019 dans l’attente d’un éventuel second procès, il vit en Belgique.

En octobre 2015, ADO est réélu au premier tour. Suite au soulèvement des militaires en 2017, les mutins contraignent le pouvoir à payer des primes promises mais d’anciennes troupes alliées n’ont pas reçu de récompenses et continuent de se mutiner.

Arrivé en fin de son second mandat, ADO déclare en mars 2020, ne pas vouloir se représenter pour un 3ème mandat et laisser la place à la nouvelle génération. Le décès de l’ancien Premier Ministre Amadou Gon Coulibaly, le fait changer d’avis. Il annonce le 6 août sa candidature pour le scrutin du 30 octobre 2020.

De son côté, après un retour avorté dans son pays, Guillaume Soro, ex-chef de la rébellion et candidat à la présidentielle de 2020, confirme sa candidature face au président ivoirien, depuis la France, un mandat international a été délivré contre lui.

Le nombre des mandats présidentiels est limité à 2 par la Constitution ivoirienne mais Opposition  et Pouvoir sont en désaccord sur l’interprétation de la réforme adoptée en 2016: les partisans de Ouattara affirment que le compteur des mandats a été  remis à zéro, une 3ème candidature est jugée anticonstitutionnelle par les adversaires.

A la suite de cette décision, de nombreuses manifestations ont été organisées par les opposants armés de machettes, gourdins et fusils, déstabilisant le pays et se transformant en conflit entre communautés (baoulé et malinké) dans le centre du pays. A Daoukro, 1 homme a été tué par balle.On dénombre 5 autres opposants décédés et 116 blessés depuis mercredi 12 août. On constate la présence de barricades, d’incendies de camions et de magasins, bouteilles cassées, projectiles… Les sièges du PDCI (Parti Démocratique de Côte d’Ivoire) de M. Bédié et du RHDP (Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix) du président Ouattara, ont été saccagés durant 3 jours de violence. La police s’est installée dans une « zone tampon » entre les 2 secteurs.

Plusieurs villes ivoiriennes se sont soulevées le 07 août, jour de la fête de l’indépendance du pays. A ce jour, les affrontements perdurent.

A Paris, la diaspora ivoirienne toutes tendances confondues s’est réunie les samedis 8 et 15 août sur le Parvis des Droits de l’Homme, place du Trocadéro pour exiger le respect de la Constitution et dire non à un 3ème mandat anticonstitutionnel du Président.

Parmi les manifestants, plusieurs leaders des partis de l’opposition étaient présents tels que Abel Naki (Cri panafricain et CDRP), Dr Boga Sako (Fidhop-Graddh Afrique et EDS), Me Affousi Bamba (GPS et CDRP), Pascal Logbo (NPR et EDS), Christian Vabé (RPCI-AC et EDS). Tous lespartis politiques d’opposition étaient représentés dont le FPI de Gbagbo, le PDCI-RDA de Bédié, le GPS de Guillaume Soro, le COJEP de Blé Goudé, les plateformes gbagboïste EDS et bédieiste CDRP, tout comme l’ensemble des mouvements patriotiques de France.

Le 13 août, un rassemblement s’est tenu de 14h à 20h devant l’ambassade de Côte d’Ivoire à Paris en soutien aux manifestations dans le pays. Le 15, une grande marche est partie du Trocadéro jusqu’à l’ambassade.

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