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La crise Ukraine-Russie: de nouvelles sanctions économiques et financières contre la Russie

L’Ukraine a réclamé mardi, à l’Occident, des représailles sévères contre la Russie, dans l’attente de connaître l’ampleur de l’opération militaire ordonnée par Vladimir Poutine, après la reconnaissance de l’indépendance des séparatistes de l’Est ukrainien par Moscou.

Vladimir Poutine a ordonné lundi à son armée d’entrer dans les territoires séparatistes de l’Est de l’Ukraine après avoir reconnu leur indépendance, une décision qui pourrait entraîner une guerre avec Kiev.

Deux décrets du président russe, signés après une allocution télévisée, reconnaissent les «républiques populaires» de Donetsk et Lougansk et demandent au ministère de la Défense que «les forces armées de la Russie y assument les fonctions de maintien de la paix». De ce déploiement militaire, ni calendrier ni informations sur son éventuelle ampleur n’ont été précisés dans ces documents.

Après l’escalade de Poutine, Kiev appelle à punir Moscou

L’Ukraine a réclamé mardi, à l’Occident, des représailles sévères contre la Russie, dans l’attente de connaître l’ampleur de l’opération militaire ordonnée par Vladimir Poutine, après la reconnaissance de l’indépendance des séparatistes de l’Est ukrainien par Moscou.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a condamné dans la nuit du 21 au 22 février la décision de la Russie de reconnaître l’indépendance des républiques de Donetsk et de Lougansk, qualifiant cette décision «de violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale» de son pays. Le chef d’Etat a par ailleurs appelé ses partenaires occidentaux à un soutien «clair» et «efficace». «Il est très important de voir maintenant qui est notre vrai ami», a-t-il ajouté.

Au cours d’une adresse à la nation retransmise par les télévisions ukrainiennes, Volodymyr Zelensky a accusé Moscou de saper les efforts diplomatiques pour mettre fin aux combats avec les séparatistes dans le Donbass, affirmant que la décision de son homologue Vladimir Poutine violait les accords négociés à Minsk en 2015. Il a également assuré que Kiev ne céderait pas «une parcelle» du pays et n’avait peur «de rien ni personne».

«Nous voyons clairement les provocations et l’offensive des troupes de l’agresseur. La vérité est de notre côté. Et nous ne vous cacherons jamais la vérité. Dès que nous constaterons un changement de situation, dès que nous verrons une augmentation des risques, vous serez tenu au courant», a déclaré Volodymyr Zelensky à ses compatriotes, ajoutant qu’il n’y avait «aucune raison d’agir de manière chaotique».

La Russie se dit «ouvert» à la diplomatie

Le Kremlin s’est dit «ouvert» mardi à la diplomatie avec l’Occident, au lendemain de la reconnaissance par Moscou des régions séparatistes ukrainiennes prorusses, vivement dénoncée par Kiev et ses alliés occidentaux.

«La Russie reste ouverte à tous les niveaux aux contacts diplomatiques, la partie russe y a intérêt», a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, tout en soulignant que «les contacts au plus haut niveau, même ceux d’urgence, doivent être bien préparés».

Le porte-parole du Kremlin a estimé mardi qu’une rupture par Kiev des relations diplomatiques avec la Russie ne ferait «qu’aggraver les choses». «C’est un scénario qui serait extrêmement regrettable, qui ne ferait que tout aggraver, non seulement pour les Etats mais aussi pour la population», a déclaré Dmitri Peskov.

Le président russe, Vladimir Poutine, a affirmé, mardi, ne pas avoir l’intention de reconstituer un empire, au lendemain de la reconnaissance des séparatistes prorusses en Ukraine et d’un discours niant la légitimité de l’État ukrainien. «Nous avions prévu qu’il y aurait des spéculations comme quoi la Russie s’apprête à reconstituer un empire», a-t-il dit lors d’une rencontre au Kremlin avec son homologue azerbaïdjanais Ilham Aliev. «Ce n’est absolument pas la réalité.»

Des sanctions «massives et robustes» économiques et financières contre la Russie

A Washington, Joe Biden a publié lundi, un décret interdisant tout nouvel investissement, échange ou financement par des personnes américaines à destination, en provenance ou dans les régions séparatistes, un paquet a minima. La Maison-Blanche a promis de «nouvelles sanctions» pour mardi.

L’UE a proposé mardi, d’interdire aux autorités russes d’accéder aux marchés et services financiers européens et de cibler les banques finançant les opérations militaires russes dans les régions séparatistes ukrainiennes dont Moscou a reconnu l’indépendance, selon un communiqué de la Commission et du Conseil européens.

Les deux institutions se prononcent également pour sanctionner «ceux qui sont impliqués» dans cette reconnaissance «illégale et inacceptable», et pour cibler le commerce entre les deux entités séparatistes et l’UE. Ces propositions de sanctions seront soumises aux ministres européens des Affaires étrangères réunis mardi, à Paris.

La Grande-Bretagne va annoncer mardi, «une première série» de sanctions économiques qui vont «frapper la Russie très fort», a dit son Premier ministre, Boris Johnson. Moscou a jusqu’à présent balayé les critiques et menaces de mesures punitives occidentales.

«En niant la légitimité de l’Ukraine en tant qu’Etat et en présentant son existence même comme une menace à la Russie, Poutine établit un prétexte pour une offensive d’envergure», a déclaré Boris Johnson au Parlement, annonçant des sanctions contre la Russie.

Les milliardaires visés sont Guennadi Timtchenko, Boris Rotenberg et son neveu Igor Rotenberg et cinq banques russes en réaction à la reconnaissance par Moscou de régions séparatistes de l’est de l’Ukraine, a précisé le Premier ministre Boris Johnson au Parlement, avertissant tenir «d’autres sanctions prêtes à être introduites avec les Etats-Unis et l’Union européenne si l’escalade se poursuit.

Les appels aux sanctions se sont également multipliés au sein de l’Union européenne, notamment en France, en Lettonie ou en Estonie, mais également en Australie ou au Japon.

Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a convoqué la presse mardi après-midi pour faire le point sur la situation en Ukraine. Par l’intermédiaire de la secrétaire d’Etat Livia Leu, le DFAE a répété qu’il condamnait la reconnaissance par la Russie des «républiques» autoproclamés de Donetsk et Louhansk annoncée lundi soir par Vladimir Poutine. Du côté des sanctions, la Suisse maintient sa position de neutralité et observe le développement de la situation avant de prendre une décision.

On a aussi appris qu’actuellement 296 citoyens suisses sont inscrits auprès de l’ambassade à Kiev. Le DFAE n’est pas en mesure de dire combien se trouvent réellement dans le pays. Livia Leu a aussi précisé que la rencontre entre le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken et son homologue russe Sergueï Lavrov prévu jeudi à Genève était à sa connaissance maintenue.

L’Otan a annoncé une réunion d’urgence des ambassadeurs des 30 pays membres de l’Alliance avec le représentant de l’Ukraine mardi, après la reconnaissance par Moscou de régions séparatistes de l’est de ce pays.

Le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, fera un point de presse «au siège de l’Otan, à la suite d’une réunion extraordinaire de la Commission Otan-Ukraine», indique l’Alliance.

Les Vingt-Sept États membres de l’Union européenne (UE) ont approuvé mardi un «paquet de sanctions» à «l’unanimité» contre la Russie après sa décision de reconnaître les territoires séparatistes dans l’est de l’Ukraine.

«Nous sommes tombés d’accord sur un premier paquet de sanctions à l’unanimité», a annoncé le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian à l’issue de la réunion des 27 ministres des Affaires étrangères à Paris. Ces sanctions «feront très mal à la Russie», a ajouté le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell.

«Les sanctions n’ont pas des effets miraculeux. Mais les sanctions, ça fait du mal économiquement et ça fait du mal aux personnes affectées», a fait valoir Josep Borrell, en soulignant que les pays membres de l’UE avaient décidé de garder «d’autres munitions (…) pour répondre à de nouvelles actions de la part de la Russie», car «l’histoire n’est pas finie».

Mardi, le chancelier allemand Olaf Scholz a annoncé que son pays ne validerait pas l’autorisation du gazoduc controversé Nord Stream 2, en réaction à la reconnaissance de la Russie des séparatistes.

Le chancelier allemand Olaf Scholz a annoncé mardi suspendre l’autorisation du gazoduc controversé Nord Stream 2 reliant la Russie à l’Allemagne, après la reconnaissance par Moscou de l’indépendance de provinces ukrainiennes prorusses, et menacé «d’autres sanctions».

«Sans cette certification, Nord Stream 2 ne peut pas être mis en service», a déclaré Olaf Scholz lors d’une conférence de presse à Berlin avec le Premier ministre irlandais Micheal Martin, ajoutant que le dossier allait être «réexaminé» par le gouvernement allemand.

«J’ai demandé au ministère de l’Economie» et à l’agence fédérale de certification du projet de suspendre leurs travaux de certification, a précisé Olaf Scholz. «Nous ne pourrons pas accepter la reconnaissance (des provinces prorusses), c’est pourquoi il est si important de réagir maintenant et rapidement», a-t-il fait valoir.

Désormais, Berlin franchit un pas supplémentaire en suspendant la procédure et en réexaminant le dossier à la lumière des derniers développements en Ukraine. Nord Stream 2 relie les deux pays via un tube de 1230 kilomètres sous la mer Baltique d’une capacité de 55 milliards de m3 de gaz par an, sur le même parcours que son jumeau Nord Stream 1, opérationnel depuis 2012. Contournant l’Ukraine, le tracé va augmenter les possibilités de livraison de gaz russe à l’Europe.

Les présidents, Premiers ministres ou ministres des onze pays membres du Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG) se sont réunis à Doha, alors que la crise entre Moscou et les pays

occidentaux contribue à une envolée des prix dans ce secteur, où la Russie fait planer la menace sur les approvisionnements.

Donald Trump a fustigé mardi la gestion par son successeur Joe Biden de la crise en Ukraine, vantant sa proximité avec Vladimir Poutine et assurant que le président russe n’aurait «jamais» agi ainsi sous son administration.

«Si elle était correctement gérée, il n’y avait absolument aucune raison pour que la situation qui se déroule actuellement en Ukraine ait lieu du tout», a assuré l’ex-président américain dans un communiqué.

Le milliardaire républicain a aussi qualifié de «faibles» les sanctions adoptées pour le moment par l’administration Biden. «Elles sont insignifiantes comparées à la prise d’un pays et de terres stratégiquement situées», a accusé l’ancien dirigeant. «Non seulement Poutine obtient ce qu’il a toujours voulu, mais il s’enrichit de plus en plus grâce à l’essor du pétrole et du gaz», a-t-il renchéri.

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