Journée internationale pour le droit à l’avortement: des manifestations un peu partout dans le monde
À l’occasion de la journée internationale pour le droit à l’avortement, des manifestations sont organisées ce mercredi 28 septembre 2022 un peu partout dans le monde.
Depuis la décision de la Cour suprême des États-Unis en juin de révoquer un arrêt garantissant le droit à l’avortement, de nombreux États américains ont notamment fortement restreint ce droit.
Des manifestations ont eu lieu ce mercredi 28 septembre 2022 dans plusieurs villes du monde pour défendre le droit à l’avortement, à l’heure où il est remis en question dans plusieurs pays.
Alors que le droit à l’IVG est attaqué partout dans le monde, un bon millier de manifestantes s’est mobilisé ce mercredi soir à Paris, pour défendre un acquis auquel l’accès n’est pas toujours garanti en France. Des cortèges se sont aussi tenus dans le reste du pays.
«Avortement en Europe : les femmes décident», est autrement plus fournie. Un bon millier de personnes a rejoint la place de la Concorde depuis Bastille, sans compter les cortèges dans toute la France.
Quelques mois après le renversement de l’arrêt Roe v. Wade, qui, depuis 1973, garantissait le droit à l’IVG au niveau fédéral outre-Atlantique, il est encore difficile pour les féministes d’en parler au passé. A ce jour, 18 Etats américains interdisent l’avortement ou sont en passe de le faire, quatre réduisent son accès. Se mêlant sans surprise aux assauts d’une alliance conservatrice de plus en plus puissante, la Hongrie a publié récemment un décret obligeant les femmes souhaitant avorter à «écouter les battements de cœur du fœtus».
En Hongrie où un récent décret oblige les femmes à écouter le rythme cardiaque du fœtus avant d’avorter, environ 3 000 personnes ont manifesté mercredi soir à Budapest. La nouvelle mesure était dénoncée sur les pancartes brandies par la foule, composée majoritairement de femmes : Et le battement de mon cœur ? Cela n’intéresse personne ? !, occupez-vous de votre propre utérus ou encore mon vagin, ma décision.
Dans ce pays d’Europe centrale, membre de l’Union européenne (UE), l’IVG est légale depuis les années 1950 jusqu’à la douzième semaine de grossesse dans la plupart des cas. Mais le Premier ministre ultra-conservateur Viktor Orban, au pouvoir depuis 2010, multiplie les mesures natalistes.
Depuis l’entrée en vigueur début 2012 d’une nouvelle Constitution, la Hongrie défend ainsi la vie du fœtus dès sa conception.
Les 50 pays ayant assoupli ces vingt-cinq dernières années leur législation ne sauraient camoufler le fait que, selon le Centre pour les droits reproductifs, 41 % des femmes en âge de procréer vivent encore dans des pays aux lois restrictives tels que la Pologne, Malte, Monaco ou encore le Maroc.
Hongrois, anglais, italien, persan, ukrainien, français…
À Rome aussi, un rassemblement a été organisé ce mercredi. Au Maroc, des dizaines de militantes féministes ont manifesté ce mercredi pour réclamer la révision des lois criminalisant l’avortement au Maroc à la suite de la mort d’une adolescente victime d’une IVG clandestine.
Une adolescente marocaine est décédée début septembre à la suite d’un avortement clandestin dans un village du centre du Maroc, provoquant un choc et l’indignation d’ONG féministes, et réveillant les revendications de dépénalisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG).
La loi marocaine punit l’IVG de six mois à cinq ans de prison sauf quand la santé de la mère est en danger. De 600 à 800 avortements clandestins sont pratiqués chaque jour au Maroc, selon les associations militant pour sa légalisation.
Cette mobilisation s’inscrit aussi pleinement dans l’agenda français. Alors que le vote de la loi Gaillot, prévoyant notamment l’allongement des délais d’accès à l’IVG de 12 à 14 semaines de grossesse, a été arraché de haute lutte en 2022, les militantes insistent sur la nécessité de sécuriser davantage cet acquis.
89 députés RN entraient à l’Assemblée nationale, la Nupes ainsi que la majorité ont dégainé deux propositions d’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution. Le groupe écologiste du Sénat a aussi mis sa propre proposition transpartisane à l’ordre du jour le 19 octobre.
Les résistances médicales sont bien réelles. «Alors que les avortements à 14 semaines sont légaux, certains hôpitaux disent aux femmes de partir à l’étranger. Certains médecins ne veulent pas aller au-delà 12 voire 10 semaines, y compris dans le public»… Confrontées au bon vouloir des praticiens, des femmes se retrouvent hors délais. La militante du Planning 93 souffle : «Certaines nous demandent comment avorter de manière artisanale, faute d’avoir les moyens d’aller à l’étranger. On se retrouve dans la situation d’avant 1975…» C’est horrible de savoir que des filles meurent d’avortement clandestin, a-t-elle déploré.