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Festival de Cannes 2025: « Deux Procureurs », le film du réalisateur ukrainien Sergei Loznitsa en compétition

Briansk, Union soviétique, 1937, la Russie durant les purges staliniennes.

Briansk, Union soviétique, 1937, la Russie durant les purges staliniennes.

Dans une cellule sombre aux murs nus, un vieux détenu à la barbe blanche amené par deux gardes-chiourmes est assis devant un poêle, à côté d’un monceau de lettres.

L’homme a ordre de brûler ces milliers de lettres écrites par des détenus accusés à tort par le régime à l’époque des grandes purges staliniennes.

Lentement, résigné, une à une, il les jette au feu.
L’une d’elles, cependant, un bout de carton écrit avec du sang, qui, comme toutes les autres, ont été rédigées hâtivement par d’intègres bolcheviques clamant leur innocence et implorant un secours du camarade Staline, de Molotov, Vychinski … va échapper à la destruction et parvenir à Alexander Kornev, le Procureur local.

Le jeune juriste idéaliste fraîchement nommé à son poste comprend que tous ont été victimes d’agents corrompus du NKVD (Commissariat du peuple aux affaires intérieures), la police secrète.
Il va se battre pour entrer en contact avec l’auteur de la lettre et, persévérant, tenace, malgré les intimidations de la direction, il va réussir à lui parler dans la cellule de la prison où il est détenu.
C’est alors qu’il découvre les violences, tortures, privations et sévices en tout genre, subis par les prisonniers.
Avec la ferme intention de les dénoncer et de dévoiler la réalité d’un système pervers de purges généralisées en train de s’imposer, il se rend en train à Moscou pour s’adresser au procureur général Andreï Vychinski … une quête de justice implacable et vaine qui va le conduire à sa propre perte.

Le film nous plonge dans un véritable cauchemar kafkaïen.
Captivés, on suit avec effroi la lente progression de l’homme de loi au sein de la prison.

Baladé par un commandant narquois et vulgaire tout au long d’un labyrinthe de couloirs humides, dans un incessant cliquetis de clés, il franchit de lourdes portes de fer grinçantes sous le regard oppressant d’une multitude de gardes, progresse de grilles en grilles, d’escaliers en escaliers, pour parvenir enfin à la cellule 54, Bâtiment Spécial, lieu de détention de Stepniak, « dangereux opposant au régime ».

La réalisation de Sergei Loznitsa, oppressante et glaçante, est à l’image du régime totalitaire qu’il dépeint.

A tout instant, l’angoisse sourd de ces longs plans fixes au format 4:3, dans la pénombre de lugubres couloirs et de cellules dénudées, de ces lourds silences entrecoupés de bruits métalliques effrayants, de tous ces regards froids et vides fixés sur l’intrus.

Hommage aux victimes du totalitarisme d’un réalisateur opposant à la Russie de Poutine, mettant habilement deux procureurs face à face, le film illustre les dérives du passé pour alerter sur les menaces actuelles pesant sur les démocraties quant aux valeurs de justice.

« Deux Procureurs », du réalisateur ukrainien Sergeï Loznitsa est adapté du roman de Gueorgui Demidov, intellectuel russe emprisonné au goulag en 1938.

Avec Alexandre Kouznetsov, Anatoly Beliy, Alexandre Filippenko.
Une coproduction France/Allemagne/Pays-Bas/Lettonie/Roumanie/Lituanie.
En salles le 24 septembre.

 

TAPIS ROUGE

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