Coronavirus: le gouvernement n’a pas annoncé de nouvelles mesures restrictives
Le Premier ministre Jean Castex et plusieurs membres du gouvernement ont fait le point sur l’épidémie de coronavirus et les restrictions en vigueur ce jeudi.
Confinement évité, du moins pour le moment. La situation épidémique « ne justifie pas à ce jour » un nouveau confinement, a soutenu Jean Castex ce jeudi 4 février. Alors que la France doit respecter un couvre-feu à 18 heures depuis plusieurs semaines, et après l’annonce de restrictions des déplacements vendredi 29 janvier, le gouvernement tenait à 18 heures son point presse hebdomadaire sur l’épidémie de Covid-19.
À quelques jours des vacances de février pour une partie du pays, le Premier ministre a assuré que « les chiffres élevés de l’épidémie (20.000 nouveaux cas par jour, 1.600 hospitalisations et 320 décès en moyenne sur une semaine) sont relativement stables ». Une situation qui « ne justifie pas à ce jour », un nouveau confinement. Néanmoins, « si nous y sommes contraints en cas de dégradation forte et rapide de la situation, nous n’hésiterions pas à prendre nos responsabilités », a prévenu le chef du gouvernement. Ainsi, « l’heure n’est pas au relâchement mais au respect maximale des règles », car « il suffit qu’un faible nombre s’en affranchissent pour que le coronavirus prospère ». Et de marteler : « L’objectif que nous devons nous fixer, ce n’est pas de retarder cette échéance, c’est de tout mettre en œuvre pour l’éviter. »
Le Premier ministre Jean Castex était accompagné du ministre de la Santé Olivier Véran et de la ministre du Travail, Elisabeth Borne, mais aussi d’Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l’Économie.
La situation sanitaire reste néanmoins tendue, notamment en raison de la circulation des variants de la Covid-19, qui inquiètent les autorités sanitaires. Alors que le variant britannique avait été mesuré en France à 3,3% des cas positifs les 7 et 8 janvier, il se situait à près de 14% au 27 janvier, a indiqué le ministre de la Santé.
Mayotte reconfinée pour trois semaines
Moins d’une heure avant le début de la conférence de presse, le préfet de Mayotte a annoncé le reconfinement total du département pour trois semaines. Celui-ci prendra effet dès le vendredi 5 février. Cette décision est liée à l’explosion des chiffres de l’épidémie dans ce territoire. Il y a eu 1.232 nouveaux cas en une semaine et le taux d’incidence s’est envolé, passant de 50 cas pour 100.000 habitants au 1er janvier à 440 cas pour 100.000 habitants début février. Les variants sud-africain et britannique ont été repérés à Mayotte. Depuis le 28 janvier, trois communes étaient déjà reconfinées et les autres soumises à un couvre-feu dès 18h.
Les vacances d’hiver débutent, pour certaines zones
« Les vacances d’hiver débutent, pour certaines zones, demain soir. Nous avons choisi de _ne pas limiter les déplacements entre régions._Une telle mesure aurait été justifiée si la circulation du virus était très inégale selon les régions. Ce n’est pas le cas », a ajouté le chef du gouvernement.
« La France, l’Unesco vient de le reconnaître, fait partie des pays qui sont parvenus à maintenir les écoles ouvertes le plus longtemps possible depuis le début de l’épidémie », s’est félicité Jean Castex. « Je vous le dis, ce choix et toutes les conséquences qu’il a entraînées pour nos enfants d’abord, pour la vie économique et sociale de la Nation ensuite, est à mettre à l’honneur de notre pays et de toute la communauté éducative à qui je veux exprimer ma reconnaissance et mon profond attachement. »
Pour maintenir cet objectif, les contrôles se sont multipliés et quelque 177.000 amendes pour non respect du couvre-feu ont été dressées depuis son instauration le 15 décembre, a indiqué jeudi le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. « 1,9 million de contrôles » ont été effectués depuis cette date, a-t-il ajouté.
Par ailleurs, Jean Castex a invité les Français qui prendront des vacances d’hiver à « la plus grande prudence » afin d’éviter les contagions. « Nous avons choisi de ne pas limiter les déplacements entre régions » mais « nous devons éviter tout relâchement » des gestes barrières, « comme vous l’avez fait à l’occasion des fêtes de fin d’année », a-t-il demandé.
« Télétravailler partout où c’est possible devient impératif »
Le Premier ministre compte également sur le télétravail, « levier très puissant que nous n’utilisons pas suffisamment », pour limiter l’épidémie. Or, « depuis la fin de l’année, le recours au télétravail s’est réduit, […] et il y a encore trop d’entreprises où le télétravail serait possible mais où il n’existe pas du tout, ou à des niveaux très faibles ». Une situation à laquelle il faut remédier : « Télétravailler partout où c’est possible devient impératif », a donc martelé le Premier ministre.
« Depuis le début du mois de novembre, le télétravail doit être la règle pour toutes les activités qui le permettent », a rappelé la ministre du Travail, Elisabeth Borne. « Aujourd’hui, près d’un tiers des actifs en France peuvent télétravailler facilement et donc participer à la lutte contre le virus en télétravaillant : il apparaît toutefois que le télétravail s’érode depuis fin novembre », a-t-elle regretté.
« Je demande à chaque entreprise de se mobiliser sur les deux priorités suivantes. La première, c’est de réduire la part des salariés qui ne télétravaillent pas du tout », a souligné la ministre du Travail. « La deuxième priorité, c’est que les salariés qui télétravaillent aujourd’hui 1, 2 ou 3 jours par semaine fassent au moins un jour de télétravail en plus chaque jour », a ajouté Elisabeth Borne.
La ministre a aussi pointé les secteurs dans lesquels le « relâchement » est « plus prononcé ». « C’est le cas notamment de la banque et de l’assurance, de la communication, de l’informatique, des activités immobilières et juridiques ».
Elisabeth Borne a enfin rappelé qu’une « ligne d’écoute pour les salariés qui souffrent d’isolement » a été lancée par le gouvernement. Son numéro est le 0 800 130 000.
1,7 million de rendez-vous vaccinaux supplémentaires
Sur le front de la vaccination, le gouvernement compte accélérer et proposer dans les prochains jours 1,7 million de rendez-vous supplémentaires pour la première injection. Dans le détail, « 500.000 rendez-vous » seront ouverts dès vendredi pour une injection d’ici à la fin février, et « 1,2 millions sur le mois de mars qui seront eux ouverts dès le milieu de la semaine prochaine ». Une mesure qui doit permettre d’atteindre « l’objectif fixé par le Président de la République d’avoir proposé la vaccination à toutes les personnes de plus de 75 ans volontaires, ainsi qu’aux personnes de moins de 75 ans atteintes de comorbidités graves ».
Par ailleurs, le vaccin nouvellement validé du laboratoire britannique AstraZeneca (pour les moins de 65 ans) « sera affecté aux établissements de santé, pour protéger les professionnels de santé, hospitaliers et de ville », a indiqué le chef de file du gouvernement. « Les vaccinations devraient commencer dès ce samedi. » Le sérum d’AstraZeneca « va nous permettre d’accélérer le rythme de vaccination », assure Jean Castex, qui précise : « grâce à ce nouveau vaccin, nous pourrons atteindre l’objectif de 4 millions de personnes ayant reçu leur première injection d’ici à la fin du mois de février. »
Multiplication des tests salivaires, notamment dans les écoles
Des tests salivaires de détection du Covid-19 seront réalisés dans les écoles et les universités « au retour des vacances scolaires », mais il ne s’agira pas de tests rapides et ils devront toujours être analysés en laboratoire, a annoncé quant à lui le ministre de la Santé Olivier Véran. « Nous allons multiplier les opérations collectives de dépistage, notamment en direction des établissements scolaires (…), mais également des universités. »
Après un avis de la Haute autorité de santé (HAS) « sous 10 jours », « nous déploierons ces techniques pour qu’au retour des vacances scolaires, nous puissions réaliser plusieurs centaines de milliers de test, par prélèvement salivaire », a-t-il poursuivi. « Seule la technique de prélèvement change dans ce cas-là », a poursuivi M. Véran, en soulignant que le test est moins désagréable à réaliser, notamment pour les enfants: il suffit de cracher de la salive et on évite « l’écouvillon dans le nez ». « En revanche, l’examen se poursuit ensuite en laboratoire de la même manière que pour les tests que vous connaissez. »
Il a toutefois écarté l’utilisation dans les écoles des tests salivaires rapides, qui donnent un résultat en 40 minutes. « Ce serait formidable si on pouvait disposer de tests salivaires qui vous rendent un résultat en quelques minutes, mais à ce stade, les études (…) ne sont pas favorables à (leur) utilisation, parce que la sensibilité des tests qui existent aujourd’hui est trop faible. »