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Casting du nouveau gouvernement français: retour à la case départ

L’impression demeure qu’on a changé les chaises musicales entre 2012 et 2022, soit les dix années de la politique en haus.

L’impression demeure qu’on a changé les chaises musicales entre 2012 et 2022, soit les dix années de la politique en haus.

Après l’histoire de Manuel Valls, en 2012, lorsqu’il trouva le moyen de chasser les pauvres sans-abri d’un trottoir à l’autre, comme le disait le président Emmanuel Macron, “traverser la rue et trouver du travail”.
Revenons à l’actualité d’aujourd’hui avec un ministre qui aura les mêmes attitudes hostiles et désapprobatrices envers l’homme ordinaire?

Deux anciens Premiers ministres, Élisabeth Borne et Manuel Valls, un tandem droitier Retailleau-Darmanin à l’Intérieur et à la Justice, et François Rebsamen et Juliette Méadel pour l’aile gauche : le gouvernement de François Bayrou a été annoncé lundi, attendu de pied ferme dans une Assemblée sans majorité.

L’équipe de 35 membres, dont 18 femmes, comporte quatre ministres d’État, dont deux anciens locataires de Matignon : Élisabeth Borne prend en charge l’Éducation nationale, tandis que Manuel Valls hérite du dossier explosif de l’Outre-mer, avec comme urgence la situation à Mayotte et en Nouvelle-Calédonie, et avec rang de numéro 3 du gouvernement.

Mais la composition de ce gouvernement, toujours orienté à droite et au centre, a suscité une avalanche de critiques des partis de l’opposition de gauche, arrivée en tête des législatives de juin, et du Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen (extrême droite).

« Une droite extrême au pouvoir, sous la surveillance de l’extrême droite », a jugé le patron du Parti socialiste, Olivier Faure. Une équipe « remplie de gens désavoués dans les urnes et qui ont contribué à couler notre pays », a renchéri la cheffe des députés LFI, Mathilde Panot. La cheffe des Écologistes, Marine Tondelier, a accusé le premier ministre d’« indignité », lui reprochant de se mettre « entre les mains de l’extrême droite ».

« Heureusement que le ridicule ne tue pas », car « François Bayrou a réuni la coalition de l’échec », a ironisé de son côté le président du RN, l’eurodéputé Jordan Bardella.

Le directeur de la Caisse des dépôts et consignations, institution financière publique, Eric Lombard, devient ministre de l’Économie et des Finances, poste crucial au moment où la France affronte l’une des pires crises budgétaires de son histoire récente.

Dès sa prise de fonctions, ce technicien de l’économie a appelé à « traiter notre mal endémique, le déficit », qui devrait culminer à 6,1 % du PIB en 2024.

François Bayrou a été nommé par Emmanuel Macron au terme de longues consultations pour trouver un successeur au conservateur Michel Barnier, dont le gouvernement minoritaire a été renversé le 4 décembre par le vote cumulé des députés de gauche et d’extrême droite après seulement trois mois en poste.

Les ministres devront surtout préparer dans l’urgence un budget pour 2025, sous la pression des oppositions et des marchés financiers.

Les nouveaux entrants

Parmi les nouveaux entrants, Éric Lombard, directeur général de la Caisse des dépôts, est nommé ministre de l’Économie. François Rebsamen, ancien ministre de François Hollande ayant apporté un soutien critique à Emmanuel Macron depuis 2002, hérite de l’Aménagement du territoire et de la décentralisation.

Autre ex-PS, Juliette Méadel a été nommée ministre déléguée chargée de la ville.

Le gouvernement Bayrou comprend par ailleurs 19 ministres reconduits parmi lesquels Sébastien Lecornu (Défense), Jean-Noël Barrot (Affaires étrangères), Annie Genevard (Agriculture) ou encore Rachida Dati (Culture), Astrid Panosyan-Bouvet (Travail et Emploi) et Valérie Létard (Logement).

Des ministres sortants changent de portefeuille, comme Catherine Vautrin, qui retrouve un grand ministère de la Santé et du Travail.

Ou encore Laurent Saint-Martin, qui cède les Comptes Publics à une revenante macroniste, Amélie de Montchalin.

Laurent Marcangeli, le président des députés Horizons, le parti d’Édouard Philippe, hérite de la Fonction publique, tandis que François Bayrou a confié le poste stratégique des Relations avec le Parlement à un proche, le MoDem Patrick Mignola.

La nouvelle ministre des Sports veut utiliser la méthode de Tony Estanguet. Gil Avérous a laissé sa place, ce mardi matin, à Marie Barsacq, la nouvelle ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative. Dans son discours de passation, celle qui était directrice de l’impact et de l’héritage au sein du comité d’organisation des JO de Paris a expliqué voir utiliser la méthode apprise «aux côtés de Tony Estanguet». Elle l’a résumé comme un mélange d’audace et de pragmatisme «en ces temps budgétaires compliqués». Si elle ne s’est pas avancée concrètement sur sa future action de ministre, «le Service national universel doit être repensé sur un nouveau modèle», a-t-elle lancé.

Des réactions aussi chez les syndicats

Les réactions dépassent le strict cadre du milieu politique. Le monde syndical a réagi au gouvernement Bayrou. Sophie Vénétitay, la secrétaire générale du SNES/ FSU, le syndicat national des enseignants du secondaire, est plutôt sceptique sur la nomination d’Élisabeth Borne.

“Elisabeth Borne est une ex-Première ministre, elle est maintenant n°2 du gouvernement. Les CV et l’ordre sur le protocole ne feront pas tout dans une situation où l’école est vraiment dans un état de crise.”

Ludovic Friat, président de l’Union syndicale des magistrats estime que de nombreux dossiers attendent Gérald Darmanin, le nouveau garde des Sceaux. « La période de Noël est une période riche en surprises. Gérald Darmanin n’est pas forcément le nom que j’attendais sous le sapin », dit-il.

“Ce qui est certain, c’est que nous avons beaucoup de sujets sur la table à travailler avec Gérald Darmanin. Nous sommes sur un axe qui paraît plus ferme, diront certains, plus répressif, diront d’autres, que le précédent.”

« C’est encore un gouvernement dans la main du Rassemblement national, alors que la majorité des électeurs se sont prononcés pour un front républicain contre le RN aux mois de juin et juillet, et c’est quand même le RN qui fait la loi », déplore Denis Gravouil, membre du bureau confédéral de la CGT. Au ministère de l’Économie, François Bayrou a nommé Éric Lombard, ex-directeur général de la Caisse des dépôts et consignations. Un inconnu qui sera le garant de l’orthodoxie financière, ajoute aussi ce cadre de la CGT.

L’une des premières tâches de ce gouvernement, le quatrième de l’année 2024, sera de faire adopter un budget, alors que le gouvernement de Michel Barnier a été renversé par l’Assemblée nationale sur le premier gros texte financier, le Budget de la Sécurité sociale.

Bayrou a une cote de popularité historiquement basse pour une prise de fonction, 66 % des Français se disant mécontents, selon un baromètre publié dimanche,

Le Premier ministre parviendra-t-il à battre le record de son prédécesseur, Michel Barnier, qu’il a été renversé par l’Assemblée nationale sur le premier gros texte financier, le Budget de la Sécurité sociale, ou dans deux ou trois mois, nous serons erocne sans gouvernement ?

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