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Jean Vendôme, créateur joaillier contemporain

L’Ecole des Arts Joailliers a présenté une exposition consacrée à Jean Vendôme, pionnier du bijou contemporain.

L’école a rouvert le 14 septembre. A cette occasion,  elle proposait des cours en français au tarif préférentiel de 50 €, pour certains en fin de journée.

Afin de lutter contre le décrochage scolaire, l’école reversera les sommes correspondant aux inscriptions,  à une association caritative en faveur du soutien pédagogique aux jeunes .

Les programmes de l’école

L’Ecole des Arts Joailliers, située non loin de la place Vendôme a présenté sa 8ème exposition parisienne « Jean Vendome, Artiste Joaillier« . Prévue pour le début mai, elle  avait  déjà été reportée au début octobre.

Pour visiter l’exposition d’une durée d’une heure , il faut réserver son créneau sur www.lecolevancleefarpels.com. Chaque visite regroupe une vingtaine de personnes ( règles de distanciation et port du masque).

L’école organise aussi des visites privées, « Les Coulisses de l’Exposition », suivies d’échanges avec  le commissaire de l’exposition et des professionnels. Elles s’apparentent à des « cours »  en présence du commissaire de l’exposition, d’un gemmologue ou un historien de l’art. Durant 2 heures, le public peut découvrir les secrets de l’univers du créateur et ses créations atypiques.  Ces visites  (uniquement sur réservation) sont basées sur 6 thématiques différentes:

  • Poétique des pierres
  • Jean Vendome raconté par la commissaire d’exposition
  • L’art de Jean Vendome, une joaillerie d’avant garde
  • Le dessin dans le processus créatif de Jean Vendome
  • Jean Vendome, un amour pour les pierres atypiques
  • Les épées d’académiciens, joyaux symboliques

Initiée en 2012, place Vendôme avec le soutien de Van Cleef & Arpels, l’École des Arts Joailliers,  propose des ateliers, des cours à la carte (de 2 à 4 heures) et des conférences. Joailliers, dessinateurs, maquettistes, historiens d’art, gemmologues, horlogers, laqueurs ou émailleurs y dispensent leur savoir-faire. L’école organise aussi des expositions gratuites. Sa devise est: « Faire comprendre, partager, en un mot initier à ce qu’est l’âme de ces métiers d’exception ».

L’école comprend:

  • Un studio de dessin pour apprendre les techniques du gouacher
  • Un atelier de gemmologie pour manipuler les pierres
  • Un atelier de laque et d’émail
  • 2 salles de cours consacrées à l’histoire du bijou
  • Un atelier de joaillerie pour expérimenter les gestes
  • Une salle de conférences et d’expositions
  •  Une bibliothèque pour approfondir ses connaissances

Les autres expositions proposées par l’EAJ

La conférence « L’art de Jean Vendome, Jean Vendome, portrait d’un visionnaire » prévue le 5 novembre au  Museum National d’histoire naturelle est supprimée. Le fils du créateur, le joaillier Thierry Vendome et François Farges, minéralogiste au Muséum national d’Histoire naturelle et commissaire scientifique de l’exposition « Pierres précieuses », devaient y participer.

L’exposition « Pierres précieuses » présentée par le MNHN et Van Cleef & Arpels, du 16 septembre 2020 au 14  juin 2021 a aussi été interrompue. Durant cette exposition, l’école avait programmé plusieurs ateliers pour enfants et des conférences.

A l’autre bout de la planète, il existe un second campus à Hong Kong depuis 2019. L’Ecole des Arts Joailliers y présente  simultanément à Paris, l’exposition  « Découvrir les pierres, Rubis et Saphirs ». Ce parcours allie gemmologie, photographie, art et science, beauté de la nature et créativité humaine.

L’exposition « Jean Vendome, artiste joaillier »

Prévue du 8 octobre au 18 décembre, l’exposition est annulée depuis le 30 octobre, début du reconfinement. Toutefois, il est possible de suivre cette visite de l’univers du créateur grâce aux technologies numériques.

Sophie Lefèvre, commissaire de l’exposition est accompagnée de Thierry Vendome, fils du créateur pour parler de l’artiste qui a réalisé  30 000 bijoux.

Une première partie s’adresse au renouveau du bijou. Articulée autour de l’épée de l’académicien Roger Caillois, la seconde partie évoque l’univers intime de l’artiste. Le joaillier s’y inspire de la beauté des minéraux (agates, quartz fantôme, tourmaline, quartz rutilé, apophyllite verte ou cobaltocalcique). La dernière partie montre une autre manière de penser le bijou.

Cette 8e exposition rend hommage au travail du créateur avant-gardiste Jean Vendome.  Bien qu’encore peu connu du public,  il a ouvert les voies de la joaillerie artistique moderne  au cours du XXe siècle . Ce joaillier contemporain met l’art cinétique, l’architecture et la sculpture moderniste au service de sa créativité. Il aime tout réaliser lui-même, du dessin à la maquette puis à l’exécution du bijou. Mélange de matériaux nobles et matières inattendues, assemblages inhabituels loin des normes et des conventions marquent son originalité. Pour lui, la valeur réside dans la création et non le matériau. Ses sources d’inspiration sont Lalique, Vever ou Lacloche.

Les 130 bijoux exposés, issus de collections privées et publiques, montrent toute l’originalité de sa création et son amour des minéraux. C’est aussi  un catalogue de ses rencontres avec des personnalités dont Vasarely, Kijno, Paul-Emile Victor ou l’académicien Roger Caillois.

Pièces originales: les boutons de manchette créés pour le Général de Gaulle en 1965, en or jaune et os de dinosaure.

Qui était Jean Vendome

Jean Vendome, sculpteur- créateur du bijou moderne, est né à Lyon le 18 avril 1930.  Son vrai nom est Ohan Tuhdarian. D’origine arménienne, son père est forgeron et mécanicien, sa mère travaille dans le tissage. La famille déménage à Epinay-sur-Seine au début de la seconde guerre mondiale.

Suite à des problèmes de santé à l’âge de 11 ans, il part dans l’Aisne pour guérir son affection pulmonaire. C’est là qu’il trouve sa voie en façonnant un morceau de carlingue trouvé, le transformant en une image du visage du Christ en le martelant.

A l’âge de 13 ans, il entre en apprentissage chez son oncle maternel, le joailler Aram Der à Paris et y acquiert technique et savoir-faire. En 1945, il obtient son premier prix et une bourse d’état au concours de dessin de la Ville de Paris.

Les débuts de sa création

Après 4 ans d’études de gemmologie avec Georges Göbel et Diane Level. Lors de son service militaire, il s’inscrit aux Beaux Arts. Il ouvre son premier atelier à l’âge de 18 ans. Il y réalise des pièces commandées par la haute joaillerie. Sa première collection « Pépite » naît 2 ans plus tard. Avec une tendance baroque mélangeant or poli et sablé, serti de pierres fines ou précieuses,  Jean Vendome invente la joaillerie contemporaine. De nouvelles formes apparaissent dont la bague ouverte sur le dessus ou la bague carrée. En 1950, il réalise un bijou pour Jean Cocteau à base d’une pépite d’or transformée. Il brase les fils d’or dans une poudre de borax puis sculpte la matière précieuse en fusion, la martèle en relief et polit les parties saillantes. Ce sera la base de la collection « Pépite ».

En 1955  il crée la ligne Survol, qui évoque une ville vue d’avion, puis des lignes Nocturne et Boréale inspirées des récits de Paul-Emile Victor. Le premier collier Cravate, en fleur améthystes voit le jour. À partir de 1957, il prend l’habitude de présenter une ou deux lignes nouvelles par an. Au décès de sa première épouse en 1985, il crée une collection chaque année sur une thématique définie.  Il la dévoile toujours lors de ses expositions de novembre en présentant 200 à 400 nouvelles pièces.

Ohan Tuhdarian devient Jean Vendome

Au début des années 1960, il expose à Bijorhca, salon des professionnels de la bijouterie et joaillerie sous l’enseigne « Vendome ». Obligé de fermer son stand après l’intervention d’un huissier suite à une plainte, il décide d’ajouter « Jean » devant. C’est ainsi que « Jean Vendome » naît. A partir de ce moment, on pouvait lire sur sa carte d’identité : Ohan Tuhdarian dit Jean Vendome.

Après la création de la ligne « Cosmos » en 1965, il participe l’année suivante à l’exposition  » La perle japonaise » au Palais d’Orsay à Paris et pour la première fois, en 1967, à la Société des artistes décorateurs (SAD) au Grand Palais à Paris.

En 1968, il expose ses bijoux avec ceux de Georges Braque à la galerie parisienne Delisle. Il apparaît désormais comme un pionnier du bijou moderne. Il s’installe 352 rue St Honoré (75001) et se consacre à sa propre création. La boutique fermera en 2007.

Les récompenses

En 1968, il obtient le « prix du salon de l’École française au musée d’Art Moderne ». En 1969, Les États–Unis lui inspirent les lignes « America », « Cinquième Avenue », « Brooklyn », « Manhattan », « Central Park » et « New York ». On retrouve ses réalisations dans le cadre de la SAD, à la galerie Philippe Dalléas (à Bordeaux), avec le couturier Paco Rabanne, les peintres Vieira da Silva et Jean Degottex.

Grâce à sa réputation internationale, il reçoit en 1970 les prix les plus prestigieux. Il représente la France en tant qu’invité d’honneur à Tokyo pour la joaillerie d’art contemporaine.

Médaillé d’argent des Arts, Sciences et Lettres de la Ville de Paris, il est Premier prix de la joaillerie Créateurs et bijoux d’aujourd’hui de l’exposition internationale de New York.  On le trouve dans des expositions (Prestige des pierres précieuses à Caen, Créations à Lyon, Prestige de l’or aux Champs-Élysées à Paris. Il est aussi au Canada pour « Décor de la vie quotidienne en France » au pavillon français lors de l’exposition Universelle de Montréal. Il expose à la Biennale internationale de la joaillerie d’art à Marina di Carrara (Italie), Rand Easter Show à Johannesburg, Salon international de Munich.

À cette époque, les œuvres de Jean Vendome peuvent être romantiques, par leurs formes rondes et leurs thèmes ou design très épurées. Il crée les Transformables, bagues-pendentifs, bagues-bracelets et bagues multiples.

Les épées d’académiciens

En 1971, il réalise sa première épée d’académicien pour Roger Caillois, Il aura ensuite cet honneur pour  8 autres « immortels » durant 3 décennies. Julien Green (1972), Maurice Schumann (1974), Henri Amouroux (1978), Guillaume Guindey (1979), Robert Marjolin (1985), Lucien Israël (1996), Michel Folliasson (1999), René de Obaldia (2000).

Les créations majeures

En 1972, il expose avec Salvador Dali à Bruxelles chez Isy Brachot.  La sculpturale bague Boule pouvant se porter de 6 façons différentes, marque l’année.

Suite aux créations de « La bague Ferret » et de la Ligne « Totem », Vasarely le contacte en 1977 pour réaliser une ligne de bijoux.

L’année suivante, il expose à Tokyo à la joaillerie Mikimoto,  son représentant exclusif pendant 10 ans. En 1979, il participe à « Bijoux 80″aux côtés de César, Filhos, Arman et Vignano. Ses 2 fils, Raphaël et Thierry Vendome, rejoignent l’affaire familiale, en 1980.

En 1986, le musée de Strasbourg l’intègre à l’exposition « Cristaux 1986, Bijoux, cailloux, fous ! ». Il  crée « le Compact », bijou à secrets. Cela comprend une bague, un bracelet, des boucles d’oreilles et deux pendentifs, soit vingt-et-une façons différentes de le porter.

La ligne » Promenades irréelles » sort en 1987, Présentation de la ligne Bulle et Boules en 1988. Construite à partir de perles et de pierres montées à l’état de gemmes, la ligne « Nature-Elle » apparaît en 1991. C’est ensuite la ligne « Thèmes » en 1994, basée sur les « pierres habitées » selon lui, comme les quartz à empreintes et fantômes, où se lisent les croissances géologiques successives. Les 2 dernières lignes seront « Secrets de Chine » en 1996 puis « Equinoxe » en 1997.

La consécration

1968: nommé officier de l’ordre du Mérite.

1972: entrée dans le Larousse comme pionnier du bijou contemporain

1986: promu Chevalier de l’ordre de l’Art et des Lettres

1988: le musée des Arts décoratifs achète la bague Ferret.

1991: le musée de Glasgow, en Écosse, acquiert le  bijou-sculpture  » Crabomard« 

1992: acquisition par le  musée de Glasgow de la ligne « Marine » en hommage à sa passion pour la mer et les bateaux.

 1998: Le Muséum national d’histoire naturelle, à Paris, lui consacre   une importante rétrospective « 50 ans de création », durant 3mois.

 1999: le  musée des Confluences, à Lyon, organise une seconde rétrospective.

Le père de la joaillerie contemporaine meurt le 9 août 2017, son fils Thierry qui a travaillé avec lui durant 23 ans, prend sa succession. En 67 ans de carrière, Jean Vendome a marqué l’histoire de la joaillerie à travers ses créations des lignes « Pépite » à « Equinoxe. Sa quête de renouvellement des formes passe par des montures-sculptures. Sa volonté était de s’éloigner des conventions et faire rejoindre le bijou et le monde de l’art.

 

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