Dans une alcôve aux lumières tamisées, un jeune homme en toilette de nuit est allongé nonchalamment sur un grand lit aux draps en désordre, Oblomov, jeune aristocrate russe de Saint-Pétersbourg.
A son chevet, Zakhar Trofymitch, son vieil et fidèle domestique.
Le premier, volubile, rabroue sans cesse le second, flegmatique et imperturbable, le rendant responsable de ses déboires.
Régler des créances, répondre à une lettre d’amour, Oblomov, tout à son apathie, reporte invariablement à demain.
Oblomov, c’est le titre du roman de Gontcharov paru en 1859, dont le personnage éponyme est devenu une figure mythique, au même titre que Don Juan. On parle même « d’oblomovisme », mot entré dans la langue pour désigner la paresse rêveuse et indécise, particulière au tempérament russe.
A quoi bon se lever, se laver, s’habiller ? Mais quel est cet état de léthargie, d’inertie qui se traduit par l’horreur du travail et de la prise décision ? Réponse à un monde dénué de sens ?
Attitude spécifique à l’âme slave ?
On pense à Sénèque et à Russell qui, tous deux, à des époques bien différentes ont écrit « L’éloge de l’oisiveté ». Vilain défaut ou bien ouverture à d’autres attitudes dignes d’intérêt ?
Un duo cocasse et émouvant qui, peu à peu, révèle les sentiments que cultive chaque protagoniste l’un envers l’autre, entre agacement et tendresse, soumission et attention paternelle.
Des acteurs au jeu précis et convaincant dans une mise en scène intimiste qui d’emblée ravit et détend. On se laisse aller, porter par le flux des paroles, alangui mollement dans notre fauteuil.
Texte de LM Formentin d’après Ivan Gontcharov
Mise en scène Jacques Connort
Théâtre des Vents à Avignon
Du 29 juin au 21 juillet 2024