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Manifestations pour Sarah Halimi

Le but des rassemblements était de contester la décision de la Cour de cassation qui confirmait l'irresponsabilité pénale de l'assassin de Sarah Halimi, une sexagénaire de confession juive.

Le  25 avril, plus de 26 000 personnes en France, ont manifesté pour réclamer justice pour Sarah Halimi, tuée en 2017 à Paris. Le mot d’ordre était: « Sans justice, pas de République « 

Le but des rassemblements était de contester la décision de la Cour de cassation qui confirmait l’irresponsabilité pénale de l’assassin de Sarah Halimi, une sexagénaire de confession juive.

  • A Paris, près de 20 000 personnes étaient présentes au Trocadéro, à l’initiative du collectif « Agissons pour Sarah Halimi ». En province, le nombre a atteint plus de 6 200 personnes.
  • A Marseille,  ils étaient entre 1 500 et 2 000 (selon la préfecture de police), à défiler vers le palais de justice. où une banderole « Justice pour Sarah » était accrochée. Martine Vassal, qui dirige le département des Bouches-du-Rhône, et Renaud Muselier, président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur., étaient en tête du cortège.
  • A Strasbourg, rassemblement d’environ 600 manifestants (selon la préfecture)  sur le parvis de la grande synagogue de la Paix.
  • Des défilés à Bordeaux, Cannes, Deauville, Lille, Lyon, Montpellier, Nice ou Toulouse.
  •  Un rassemblement s’est tenu devant l’ambassade de France à Londres et sur la Piazza Farnese à Rome.
  • En Israël: Rassemblement de centaines de personnes  devant l’ambassade de France à Tel-Aviv . Elles réclamaient la tenue d’un procès pour le meurtrier de Sarah Halimi. D’autres ont eu lieu à Jérusalem ou  Eilat .
  • Aux Etats-Unis, réunion des manifestants  devant les consulats français de Los Angeles et de New York, ainsi qu’à Miami.
  • Au Canada, plusieurs organisations proposent un rassemblement virtuel de solidarité le 27 avril à 11h.

Par ailleurs, la LICRA a  lancé une pétition pour que la rue où vivait Sarah Halimi porte son nom.

Le verdict

Kobili Traore a sauvagement  tué sa voisine, Sarah Halimi, médecin et directrice de crèche.  Après son arrestation et plusieurs examens psychiatriques,  la justice reconnait son irresponsabilité  pénale  suite à une bouffée délirante aigüe.

Pour rappel: Le 4 avril 2017, Kobili Traoré, musulman de 27 ans, fait irruption chez sa voisine juive de 65 ans,  Sarah Halimi. Il la roue de coups aux cris de « Allah Akbar », en récitant des versets du Coran. Il  la jette ensuite par-dessus le balcon de leur HLM de Belleville.

Le 14 avril 2021, la justice a confirmé que l’assassin souffrait de troubles psychiques. Son discernement se trouvait aboli au moment des faits. Le fait que sa consommation de stupéfiants ait pu être à l’origine de son trouble mental n’avait pas à être pris en considération pour la décision d’irresponsabilité pénale. Cependant, le caractère antisémite du crime était retenu. Pas de renvoi aux assises pour Kobili Traoré, il restera placé au sein d’une unité psychiatrique spécialisée avec mesures de sûreté. Il y est interné depuis 4 ans.

Saisir la justice israélienne

La famille de la défunte manifeste  sa colère. Elle ne comprend pas le  verdict contre Kobili Traoré et demande un autre procès. Si la justice française ne l’entend pas, Esther Lekover, sœur de la victime,   entend saisir la justice israélienne afin d’obtenir un procès contre l’assassin. L’un des avocats de la famille, Me Francis Szpiner a expliqué que le droit pénal israélien prévoit que lorsque la victime est juive et que le crime est de nature antisémite, la justice israélienne est compétente. Et ce, quelque soit le pays où se sont produits les faits. Cette démarche s’inscrit dans des principes simples reconnus du droit international. C’est le cas dans une information judiciaire sur un attentat commis à l’étranger , par des étranger  avec une victime française.

Projet de loi sur l’irresponsabilité pénale

Quelques jours avant les manifestations, le garde des sceaux, Eric Dupont-Moretti a annoncé un projet de loi, présenté fin mai au conseil des ministres. Il vise à combler un « vide juridique », après la décision de la Cour de cassation. C’est une demande d’Emmanuel Macron de faire évoluer la loi. « Décider de prendre des stupéfiants et devenir alors “comme fou” ne devrait pas, à mes yeux, supprimer votre responsabilité pénale. (…) Là aussi, pas de fausse impunité »avait déclaré le président.

Rassemblement du Trocadéro

Près de 20 000 personnes étaient présentes sur le parvis du Trocadéro dimanche 25 avril, à l’appel du collectif citoyen « Agissons pour Sarah » et de représentants de la communauté juive. Le rassemblement a commencé par une minute de silence  pour Stéphanie Monfermé. Un terroriste islamiste a poignardé cette agente administrative vendredi dernier, à Rambouillet(78).

Jonathan Behar, initiateur et co-organisateur de l’événement a constaté une belle victoire. La foule brandissait des pancartes portant des messages forts. On pouvait lire: « Juges, où est « votre honneur »? »; « La justice est morte avec Sarah Halimi »; « La prochaine Sarah Halimi sera chrétienne, musulmane ou athée »; « Qui fume un joint peut fumer une grand-mère » et bien d’autres slogans.

Les objectifs de la manifestation : rendre hommage à Sarah Halimi et réclamer un changement de la loi sur la consommation de psychotropes. La législation actuelle  visant la consommation de psychotropes ne doit plus servir d’excuses pour faire croire à une abolition du discernement. Grâce à cette loi.  » Si justice n’a pas été rendue pour Sarah Halimi, elle sera rendue grâce à Sarah Halimi ».

Témoignages et documentaires

Le début du rassemblement a commencé par la diffusion de différentes vidéos, dont des extraits du récent documentaire intitulé « Sarah et les autres » d’Alexandre Arcady, avec Richard Berry. Des célébrités dont Michel Cymes, Gilbert Montagné, Cyril Hanouna, Pascal Olmeta, Pascal Legitimus, Yvan Attal ou encore Elie Chouraqui  ont témoigné dans les vidéos.

Les premiers intervenants

Les premiers intervenants furent les avocats  de la famille Halimi: Me Francis Szpiner, également  maire du 16e à Paris et Me Muriel Ouaknine Melki. Avocate de William Attal, frère de Sarah Halimi, elle a pris la parole pour appeler à une révision du procès.

William Attal, frère de Sarah Halimi,  a ensuite pris la parole en revenant sur les incohérences, les détails et l’horreur de l’affaire. Il a aussi annoncé que 2 témoins clés se disaient prêts à témoigner devant la justice. Il a scandé à la foule « L’espoir, c’est vous ici » pour la remercier de sa présence.

Prise de parole des officiels

Daniel Saada, Chargé d’affaires d’Israël en France a pris la parole.  Les responsables communautaires Francis Kalifat (CRIF), Joël Mergui (Consistoire) et Ariel Goldmann (FSJU), suivirent. Selon Francis Kalifat, « Sarah Halimi a été victime d’un déni de justice et d’un naufrage judiciaire ». « La nouvelle loi doit porter le nom de Sarah Halimi »

Le grand rabbin de France, Haïm Korsia a prononcé un psaume, puis la prière pour la République, le Kaddish et la Hachkava. Le grand rabbin de Paris, Michel Gugenheim et des représentants religieux catholiques, protestants, orthodoxes, bouddhistes et musulmans dont Hassen Chalghoumi (imam de Drancy) l’entouraient.La journaliste et réalisatrice Cyrielle Cohen a présenté son travail sur le terrorisme en France.  L’intervention de Christophe Castaner, président du groupe LREM à l’Assemblée nationale et ancien ministre de l’Intérieur, a suivi.  Le début de son discours fut un peu houleux.. Il est ensuite revenu sur le projet de loi et a  précisé qu’elle devait être votée avant l’été.

Des artistes sur scène

Arthur, Gad Elmaleh, Patrick Bruel, Amir, Michel Boujenah sont montés ensemble sur scène.  Arthur (Jacques Essebag) a appelé à un changement de la loi. Il s’est réjoui de voir autant de gens (juifs et non juifs) réunis. Gad Elmaleh s’est dit outré de la décision de justice. Le Youtubeur musulman Ramous et Michel Jonasz ont aussi pris la parole, ainsi que Patrick Braoudé et Alexandre Arcady.

Paroles de philosophes

Pour BHL, « un crime de cette nature impuni, c’est toute la Justice française qui perd son crédit ». Il a appelé à la création d’un comité de révision du procès qui viendrait collecter de nouveaux éléments.

L’intervention de Luc Ferry fut la suivante. « Quand un Juif est assassiné parce qu’il est Juif, c’est l’humanité toute entière qui est atteinte ». « En tant que modeste « goy », je revendique le droit d’être tout aussi meurtri que les membres de la communauté juive qui sont ici présents et qui fort heureusement ne sont pas les seuls », a-t-il déclaré.

Raphaël Enthoven a rappelé l’antisémitisme du meurtrier et de sa famille, tout en dénonçant le déni du phénomène.

Les politiques

Xavier Bertrand, président du conseil régional des Hauts de France et Valérie Pécresse, présidente du conseil régional de l’Ile de France, ont pris la parole pour montrer leur indignation.

La maire de Paris, Anne Hidalgo, a annoncé  malgré les hués, qu’une rue Sarah Halimi sera très bientôt inaugurée, tout comme le souhaitait le président de la LICRA, Mario Stasi.

« Nous ne céderons jamais à l’antisémitisme. Le visage de Sarah Halimi, c’est le visage de la République  . a-t-elle déclaré.

Meyer Habib, député de la huitième circonscription des Français établis hors de France. Il a eu une première pensée pour les rescapés de la Shoah présents au rassemblement.

Noémie Madar, président de l’UEJF, s’est réjouie de voir ces milliers de gens  pour Sarah Halimi et dire non à l’antisémitisme.

Pour Amine El Khatmi, cofondateur et président du Printemps républicain, « nul besoin d’être juif pour se sentir concerné par le combat contre cette lèpre de la pensée qu’est l’antisémitisme. C’est un combat universel ».

Morad El Hattab, géopolitologue, a pris la parole avant Béatrice Brugère, secrétaire générale du syndicat FO Magistrats. Ellei est revenue sur la décision de ses collègues magistrats.

Yonathan Halimi, fils de Sarah Halimi, a clôturé la manifestation par un discours. Pour lui,  faire appel à la Cour européenne des Droits de l’homme ou à la justice israélienne, comme sa famille l’envisage, serait un échec. Il appelle à ce que la justice se fasse en France.

D’autres personnalités  du monde politique, culturel et du spectacle étaient présents  On pouvait rencontrer  Nicolas Dupont-Aignan, Audrey Pulvar, François Berléand, Marek Halter, Bernard Montiel,  Carla Bruni, Elie Seimoun,  ou encore Serge et Beate Klarsfeld.

La foule  a quitté les lieux dans le calme après la Marseillaise.

 

 

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