La chancelière allemande Angela Merkel s’est rendue le 6 décembre à Auscwitz-Birkenau (Pologne) pour commémorer le prochain anniversaire du 75ème anniversaire de la libération du camp par l’Armée Rouge le 27 janvier 1945.
Angela Merkel était accompagnée du Premier Ministre polonais, Mateusz Morawiecki, d’un survivant âgé de 87 ans, Bogdan Bartnikowski, et de représentants de la communauté juive. Depuis son arrivée au pouvoir, il s’agit de la première visite de la chancelière dans le camp d’extermination où furent assassinées près de 1,1 million de personnes entre 1940 et 1945. La veille de cette visite, elle avait annoncé une dotation de 60 millions d’euros à la Fondation Auschwitz-Birkenau pour le maintien de l’ouverture du site.
Premier voyage d’un chef d’état allemand depuis 1995, ce déplacement fut riche en émotion. Avant la chancelière, Helmut Schmidt en 1977 et Helmut Kohl en 1989 et 1995, furent les deux précédents dirigeants allemands à s’être rendus sur ce symbole de l’Holocauste.
Dans son allocution, la dirigeante a insisté sur la responsabilité de l’Allemagne dans l’extermination des Juifs d’Europe, considérant qu’il s’agissait d’une part de l’ identité nationale.
« Se souvenir des crimes, nommer leurs auteurs et rendre aux victimes un hommage digne, c’est une responsabilité qui ne s’arrête jamais. Ce n’est pas négociable. Et c’est inséparable de notre pays. Être conscient de cette responsabilité est une part de notre identité nationale » … « Je ressens une honte profonde face aux crimes barbares commis ici par des Allemands ». « Je m’incline profondément » devant chacun de ceux qui avaient « un nom, une dignité inaltérable, une origine, une histoire », a déclaré la chancelière rappelant qu’on ne doit jamais oublier cette période noire de l’histoire, tenant compte que la disparition des témoins complique la transmission de la mémoire de la Shoah.
Le camp d’Auschwitz-Birkenau situé à près de 70 km de Cracovie fut le plus grand camp de concentration et d’extermination du IIIème Reich après l’invasion de la Pologne par les nazis. C’est dans cet endroit que furent tuées plus d’un million de personnes.
Avant la seconde guerre mondiale, la communauté juive de Pologne était la plus importante d’Europe. Varsovie était alors la seconde plus grande ville juive du monde. Le 1er septembre 1939, Hitler attaque la Pologne en envahissant le « couloir de Dantzig ». Après l’éclatement de la guerre, la Pologne est vaincue et le gouvernement part en exil à Londres. C’est alors que commence le régime de terreur des Nazis pendant lequel des Polonais meurent en voulant sauver des Juifs.
En 1940 Heinrich Himmler décide de construire le camp d’Auschwitz I pour abriter les prisonniers politiques polonais qui ne rentraient plus dans les prisons. Ils furent ensuite rejoints par des membres de la résistance, des intellectuels, des homosexuels, des Gitans, des Slaves, des communistes, des handicapés, des Témoins de Jéhovah et des Juifs. Au total, 1,5 à 3 millions de personnes de tous âges et de 28 nationalités y ont perdu la vie pour « la pureté de la race aryenne »en Europe et dans le monde.
Le camp d’extermination d’Auschwitz II est créée en 1941 par les Nazis à 3 km du premier qui abritait le centre adminitratif . Il compose avec Auschwitz I, le complexe Auschwitz-Birkenau sur 175 hectares. divisés en plusieurs sections délimitées par des barbelés et des clôtures électrifiées. Grâce à un gros réseau ferroviaire, il entrait dans la politique du bras droit d’Hitler en charge de la « Solution Finale »: Train, Déportation, Mort.
Un triste paysage s’offrait aux prisonniers dès le quai d’arrivée d’où ils pouvaient apercevoir des baraques, des miradors, des barbelés électrifiés sans oublier le slogan à l’entrée « Arbeit macht Frei » (« Le Travail rend Libre »). Un peu plus tard, ils ont découvert les 5 chambres à gaz et fours crématoires pouvant accueillir 2 500 personnes ainsi que les lieux de stockages : cheveux, lunettes, brosses à dent, valises, chaussures… Comble de l’horreur, la graisse des morts servait à produire du savon.
Les plus faibles, malades ou n’ayant pu supporter le voyage sans eau ni nourriture, étaient directement dirigés vers les chambres à gaz; les autres vers les camps de travail ou choisis pour subir des expériences
A partir de 1942, les femmes ont été transférées à Auschwitz II où elles ont été assassinées ou forcées à participer à des expériences de stérilisation dans le camp principal.
En 1945, suite à l’avance de l’Armée Rouge vers la Pologne, les nazis évacuèrent Auschwitz, emmenant avec eux le plus de prisonniers qui pour certains ne l’ont pas supporté. Le 27 janvier 1945, les troupes soviétiques ont libéré les prisonniers restants dans le camp.
A ce jour, le complexe peut être visité. On y découvre des objets ayant appartenu aux prisonniers ainsi que les installations encore en bon état pour certaines.