46ème cérémonie des Césars sous haute surveillance sanitaire
La 46ème cérémonie des Césars a bien eu lieu le 12 mars à l’Olympia, sous la présidence de Roschdy Zem. L’opus 2021 est bien différent de ceux des dernières années, marqué par la crise sanitaire dans une période où les cinémas sont fermés depuis plusieurs mois et les sorties de films annulées.
Canal+, organisateur de la soirée a choisi de maintenir la cérémonie, de nombreux films étant sortis en salle. La chaîne a choisi de célébrer l’industrie du 7ème art en donnant la parole au monde du spectacle en crise.
Maîtresse de cérémonie, Marina Foïs n’a pas mâché ses mots quant à l’attitude du gouvernement par rapport à la culture. Pour elle, cette cérémonie devait montrer que le monde du spectacle devait et pouvait continuer à s’exprimer. La politique était l’invité de cette soirée, tout comme la diversité, les changements dans le métier et l’égalité.
» Il faut que nous racontions que nous sommes conscients des difficultés qui nous attendent et des privilèges qu’il nous reste, dont celui, ultime, de faire un métier que nous aimons », a déclaré Marina Foïs. » On a été longtemps seuls, Réjouissons-nous d’être ensemble », a-t-elle ajouté.
Depuis sa loge, la ministre de la culture, Roselyne Bachelot, a du faire face aux invectives des actrices et des acteurs en colère.
Un an après le César controversé de Roman Polanski, la sortie en grands fracas de l’actrice Adèle Haenel, et une crise sanitaire qui n’en finit pas, les prises de paroles étaient fortes et pleines de subtilité.
Les strictes règles sanitaires
Grande invitée de cette soirée, la crise sanitaire a remporté le trophée de la prudence avec un très stricte protocole. Micros et statuettes ont été désinfectées et tous les participants ont du se soumettre 2 fois à un test PCR. Le premier 48 heures avant la cérémonie et le second, le matin du jour J. Il était aussi possible de se faire tester sur place.
Pas de public, seulement techniciens, nominés et remettants. Les participants devaient arriver à des horaires bien précis. Seuls les lauréats ont pris la parole.
A partir de 21 h, les téléspectateurs ont pu suivre la retransmission de la soirée sur Canal+.
Les sélections et les moments forts
Cette année, l’Académie des Césars a seulement sélectionné 45 longs- métrages, comparativement à plus d’une cinquantaine, les années précédentes. La diffusion en salle en 2020, était la condition. En tête de la course se trouvait le trio: « Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait », d’Emmanuel Mouret, « Eté 85 », de François Ozon et « Adieu les cons », d’Albert Dupontel.
Grand gagnant de la soirée, Albert Dupontel, absent de la cérémonie, a remporté 7 trophées après 11 nominations. Sorti seulement 10 jours en octobre, le film avait fait bondir le box-office avec plus de 700 000 entrées.
De son coté, le film d’Emmanuel Mouret, donné favori avec 13 nominations pour « Les Choses qu’on dit, les Choses qu’on fait », est reparti les mains vides. C’est aussi le cas de François Ozon avec « Été 85 ».
Le film « Adolescentes » de Sébastien Lifshitz a quant à lui reçu 3 récompenses (meilleur film documentaire, meilleur son et meilleur montage).
La soirée fut l’occasion de rendre hommage à de grands noms du grand écran disparus: Jean-Claude Carrère en février 2021; Jean-Pierre Bacri mort en janvier 2021; Claude Brasseur en décembre 2020 et Michel Piccoli en mai 2020.
L’humour était au rendez-vous avec Corinne Masiero qui n’a pas hésité à retirer sa « Peau d’Ane » puis sa robe ensanglantée de « Carrie au bal du diable ». C’est entièrement nue qu’elle a présenté le César du costume, une façon de protester contre la situation actuelle de la culture et soutenir les intermittents. Cette prestation ne fut pas appréciée de tous, à commencer par le député niçois Eric Ciotti ou encore Nadine Moreno et le sénateur Bruno Retailleau. « Médiocrité et vulgarité… ont-ils écrit sur les réseaux sociaux.
Remise des prix
Pour la remise des prix, Marina Foïs a démarché de nombreuses personnes. Pour accueillir les candidats, que du beau monde parmi lequel Isabelle Huppert, Virginie Efira, Valérie Lemercier, Charlotte Rampling, Nathalie Baye ou encore Chiara Mastroianni et Fanny Ardant, toutes plus élégantes les unes que les autres. Côté homme, Louis Garrel et Vincent Dedienne …
Les Césars 2021 ont récompensé des jeunes provenant de la diversité avec les Césars des meilleurs espoirs féminin et masculin: Fathia Youssouf dans « Mignonnes » (seulement âgée de 14 ans) et Jean-Pascal Zadi (aussi auteur et réalisateur) dans « Tout simplement noir ». Cette année, les Césars ont sacré 2 jeunes acteurs noirs, brisant ainsi les clichés racistes, un véritable symbole de changement après les accusations d’entre-soi et d’opacité , l’an dernier.
Le César anniversaire revient à la Troupe du Splendide qui était au complet sans bien-sûr, la regrettée Anémone. Pour célébrer leurs 40 ans, les auteurs des « Bronzés » et du « Père Noël est une ordure » avaient fait le déplacement à commencer par Thierry Lhermitte qui, pour l’occasion, portait son costume marron du « Père Noël est une ordure ». Il était entouré de Josiane Balasko, Michel Blanc, Marie-Anne Chazel, Christian Clavier, Gérard Jugnot et Bruno Moynot.
« On nous invite, l’année où il n’y a personne!… » a lancé Christian Clavier tandis que Gérard Jugnot, très ému mais déçu de la soirée (trop politisée) ajoutait « Depuis 50 ans, nous sommes cas contacts .. ».
LE PALMARES
Meilleur film
« Adieu les cons » produit réalisé par Albert Dupontel
Meilleure réalisation
Albert Dupontel pour « Adieu les cons »
Meilleure actrice
Laure Calamy dans « Antoinette dans les Cévennes »
Meilleur acteur
Sami Bouajila dans « Un Fils »
Meilleure actrice dans un second rôle
Emilie Dequenne dans « Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait »
Meilleur acteur dans un second rôle
Nicolas Marié dans « Adieu les cons »Meilleur espoir féminin
Fathia Youssouf dans « Mignonnes »Meilleur espoir masculin
Jean-Pascal Zadi dans « Tout simplement noir »Meilleur premier film
« Deux » réalisé par Filippo MeneghettiMeilleur documentaire
« Adolescentes » réalisé par Sébastien LifshitzMeilleur film d’animation
- Pour le court métrage
« L’Heure de l’ours » réalisé par Agnès Patron - Pour le long métrage
« Josep » réalisé par Aurel
Meilleur court-métrage
« Qu’importe si les bêtes meurent » réalisé par Sofia Alaoui
Meilleure photographie
Alexis Havyrchine pour « Adieu les cons »
Meilleur son
Yolande Decarsin, Jeanne Delplancq, Fanny Martin, Olivier Goinard pour « Adolescentes »
Meilleur montage
Tina Baz pour « Adolescentes »
Meilleurs costumes
Madeline Fontaine pour « La Bonne épouse »
Meilleurs décors
Carlos Conti pour » Adieu les cons »
Meilleure musique originale
Rone pour « La Nuit venue »
Meilleure adaptation
Stéphane Demoustier pour « La Fille au bracelet »
Meilleur scénario original
Albert Dupontel pour « Adieu les cons »
Meilleur film étranger
« Drunk » réalisé par Thomas Vinterberg
César des lycéens
« Adieu les cons » d’Albert Dupontel
César d’anniversaire: La Troupe du Splendid
César d’honneur: Jean-Pierre Bacri