Nomination du nouveau Gouvernement français : un coup de théâtre pour les partis alliés

Sébastien Lecornu
Le Président de la République a signé ce dimanche le décret de nomination du nouveau Gouvernement, sur proposition du Premier ministre chargé de la planification écologique et énergétique. Cette équipe, composée d’une trentaine de membres, sera en charge de mettre en œuvre les priorités de l’exécutif, notamment la transition écologique, la souveraineté industrielle et énergétique, ainsi que la cohésion sociale.
Une composition marquée par le renouvellement et la continuité
Parmi les ministres confirmés ou nouvellement nommés figurent :
- Laurent Nunez à l’Intérieur, Catherine Vautrin aux Armées et anciens combattants, Jean-Pierre Farandou au Travail et aux Solidarités, Monique Barbut à la Transition écologique, Gérald Darmanin à la Justice, et Roland Lescure à l’Économie.
- D’autres ministres clés incluent Serge Papin pour les PME et le pouvoir d’achat, Annie Genevard à l’Agriculture, Edouard Geffray à l’Éducation, Jean-Noël Barrot aux Affaires étrangères, Rachida Dati à la Culture et Stéphanie Rist à la Santé.
- Les ministres délégués, tels que Laurent Panifous, Maud Brégeon ou Aurore Berge, interviendront auprès du Premier ministre, tandis que d’autres sont rattachés à des ministères spécifiques pour traiter des dossiers sectoriels comme l’IA, la mer et la pêche, ou l’autonomie des personnes handicapées.
Le Président réunira l’ensemble des membres du Gouvernement pour un conseil des ministres mardi 14 octobre à 10h, afin de fixer les grandes lignes de l’action gouvernementale.
La surprise politique : une participation massive des partis alliés malgré leurs réticences
Le véritable enjeu de cette nomination réside dans l’intégration au gouvernement de membres des partis traditionnellement alliés mais réticents à participer. Sur les quatorze ministres issus des Républicains (LR), Horizons, MoDem et UDI, plusieurs avaient publiquement refusé ou différé leur décision.
Pour Les Républicains, le coup est rude : malgré l’opposition affichée par Bruno Retailleau la veille, six élus du parti rejoignent le gouvernement. Trois d’entre eux conservent leurs fonctions : Rachida Dati (Culture), Annie Genevard (Agriculture) et Philippe Tabarot (Transports). Trois nouveaux visages font leur entrée : Vincent Jeanbrun à la Ville, Nicolas Forissier au Commerce extérieur et Sébastien Martin à l’Industrie. Immédiatement, LR a annoncé leur exclusion : « Les membres LR qui ont accepté d’entrer au gouvernement ne peuvent plus se réclamer des Républicains », précise le parti.
Pour Horizons, le parti avait hésité à envoyer ses députés, en attente de clarifications sur la politique gouvernementale, notamment la réforme des retraites. Trois de ses représentants rejoignent finalement le gouvernement : Naïma Moutchou aux Outre-mer, Anne Le Hénanff à l’IA et au numérique, et Charlotte Parmentier-Lecocq à l’autonomie.
Au MoDem, malgré une ligne prudente de François Bayrou, plusieurs élus intègrent le gouvernement : Jean-Noël Barrot aux Affaires étrangères, Marina Ferrari aux Sports et à la Jeunesse, Marie-Pierre Vedrenne et Catherine Chabaud. Le patron des députés Marc Fesneau a salué leur participation : « Nous participerons pleinement, pas à moitié. Nous chercherons des compromis, loyalement et avec détermination ».
Enfin, l’UDI voit le retour de Françoise Gatel à l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation, après sa participation au précédent gouvernement.
Un gouvernement sous tension mais opérationnel
Cette nomination révèle un exécutif décidé à composer avec des forces politiques malgré des consignes internes de prudence, voire d’opposition. La semaine à venir sera déterminante : le conseil des ministres du 14 octobre permettra d’évaluer la cohésion de cette équipe et d’annoncer ses premières grandes orientations.
L’heure est au travail pour un gouvernement confronté à de multiples dossiers sensibles, mais aussi à la gestion des tensions internes liées à la participation des partis alliés.