Exposition Générale : quand la Fondation Cartier redonne vie à Paris et à l’art

Exposition Générale : la nouvelle vie de l’art à Paris
Il y a des lieux où l’on entre sans vraiment savoir ce qu’on va y trouver.
Et puis il y a ceux qui, dès la première seconde, vous happent, vous transforment, vous donnent envie de tout regarder autrement.
La Fondation Cartier pour l’art contemporain, installée depuis octobre 2025 au 2, place du Palais-Royal, appartient à cette seconde catégorie.
Un lieu qui ne se visite pas : il se vit.
Exposition Générale : un nouveau cœur bat au centre de Paris
Face au Louvre, entre les arcades de la rue de Rivoli et les arbres du Palais-Royal, s’élève un bâtiment de pierre blonde, discret et pourtant fascinant.
Rien, à première vue, ne laisse deviner ce qu’il abrite : une révolution douce, un espace où l’architecture et l’art ne font plus qu’un.
C’est Jean Nouvel, le grand architecte du Louvre Abu Dhabi, de la Philharmonie de Paris et de l’Institut du Monde Arabe, qui a réinventé ce lieu mythique.
Derrière la façade haussmannienne de 1855 — qui fut tour à tour le Grand Hôtel du Louvre, les Grands Magasins du Louvre et le Louvre des Antiquaires — il a conçu une architecture en mouvement, presque vivante.
Cinq gigantesques plateformes d’acier, mobiles comme des scènes de théâtre, montent et descendent selon les besoins des expositions.
Les lumières changent, les volumes respirent, le bâtiment s’adapte, s’ouvre, se referme.
Ce n’est plus un musée : c’est un organisme vivant, capable de se réinventer à chaque projet.
L’art devient ici une expérience physique, un dialogue entre espace, lumière et émotion.
Jean Nouvel appelle cela « un abri des imprévisibles » : un lieu libre, souple, ouvert à la surprise, où les artistes peuvent tout imaginer.
« Il faut donner à l’art la possibilité de se déplacer, de se transformer, d’occuper la ville », disait-il en présentant le projet.
Et c’est exactement ce qu’il a réussi : un bâtiment qui, tout en respectant l’histoire, parle résolument au présent.
Une exposition manifeste : “Exposition Générale”
Pour inaugurer ce vaisseau culturel, la Fondation Cartier n’a pas choisi une exposition comme les autres.
Elle propose un manifeste : “Exposition Générale”, visible jusqu’au 23 août 2026.
Le titre rend hommage à une époque où, ici même, les Grands Magasins du Louvre organisaient de grandes expositions de nouveautés.
Mais cette fois, ce ne sont plus des produits que l’on expose : ce sont des visions du monde, des fragments de beauté, des cris, des rêves, des espoirs.
Sous la direction de Grazia Quaroni et Béatrice Grenier, la Fondation rassemble plus de 600 œuvres de plus de 100 artistes du monde entier — certains célèbres, d’autres émergents, tous unis par un même désir : rendre visible l’invisible.
C’est un voyage dans quarante ans de création contemporaine, de 1984 à aujourd’hui, mais aussi une immersion dans l’esprit même de la Fondation Cartier : liberté, ouverture, curiosité.
Machines d’architecture — Les villes rêvées
Dès l’entrée, le ton est donné.
Sous une verrière immense, la première plateforme accueille la section Machines d’architecture.
Ici, l’architecture devient un art de l’imaginaire, un jeu avec les dimensions, les échelles, les matériaux.
On y découvre la Petite Cathédrale d’Alessandro Mendini, petite église scintillante faite de verre, de métal et de mosaïque.
Elle diffuse un parfum léger et des reflets colorés qui dansent sur le sol, comme une prière silencieuse.
Non loin de là, les maquettes de Bodys Isek Kingelez, artiste congolais disparu en 2015, explosent de couleurs et de fantaisie : des cités futuristes faites de carton et de plastique, mais pleines d’espoir.
Elles racontent une autre vision du monde : celle d’un urbanisme joyeux, humain, sans frontières.
Et puis il y a les dessins de Mamadou Cissé, un autodidacte sénégalais, qui invente à la main des mégapoles oniriques, vertigineuses et poétiques.
Des villes suspendues, reliées par des ponts invisibles, des architectures comme des utopies.
Cette section réunit aussi des architectes et designers comme Junya Ishigami ou Freddy Mamani, dont le Salón de eventos — une salle de bal colorée visible depuis la rue de Rivoli — fait entrer le rythme bolivien au cœur de Paris.
C’est un choc culturel, joyeux, plein d’énergie.
Et, au-dessus de tout cela, les plateformes bougent lentement, comme si l’architecture elle-même dansait.
Être nature — L’art et la vie se répondent
Quand on descend d’un niveau, la lumière change, le silence s’installe, et l’on entre dans la section Être nature.
Ici, le béton cède la place au souffle du vivant.
Des vidéos, des photographies, des sons et des sculptures racontent la connexion entre l’humain et la nature.
Les œuvres d’artistes Yanomami du Brésil dialoguent avec celles de Graciela Iturbide, de Sally Gabori ou de Raymond Depardon.
Les arbres, les rivières, les esprits et les visages se mêlent dans une atmosphère apaisante, presque chamanique.
On y entend le vent, les oiseaux, la pluie.
L’exposition ne montre plus seulement : elle fait ressentir.
Elle rappelle que l’art contemporain peut être une manière d’écouter le monde, de ralentir, de comprendre autrement.
Pour un jeune visiteur, c’est une révélation : ici, la nature n’est pas une idée lointaine. Elle est là, vivante, présente, fragile, belle.
L’art devient un miroir de ce lien qu’il nous faut réinventer.
Making Things — L’art de faire
Plus bas, un autre univers s’ouvre : Making Things, littéralement “faire les choses”.
C’est un hymne à la matière, au geste, à la fabrication.
Dans un monde dominé par le virtuel, cette partie rappelle la beauté du concret.
On y voit des céramiques, des sculptures, des installations où la main de l’artiste reprend toute sa force.
Les œuvres d’Alev Ebüzziya Siesbye, de Gustavo Pérez ou de Solange Pessoa montrent que la création, avant d’être conceptuelle, est d’abord humaine.
Les artistes utilisent la terre, le métal, le verre, le tissu, mais aussi des matériaux inattendus : sable, os, fibres, poussière.
Chaque œuvre parle du temps, de la patience, du savoir-faire.
Ce n’est pas une nostalgie du passé, c’est une réinvention du geste.
Cette section touche une corde sensible : elle relie le créateur à l’artisan, le rêve à la main.
Pour un jeune, c’est un message fort : créer, c’est possible, avec ses mains, ses idées, son audace.
Un monde réel — L’art et la science se rencontrent
Puis vient la dernière grande section : Un monde réel.
Ici, la Fondation Cartier regarde vers l’avenir.
Les artistes s’allient aux scientifiques, aux ingénieurs, aux poètes pour imaginer ce que pourrait devenir le monde.
Des installations lumineuses de James Turrell côtoient les vidéos de David Lynch ou les œuvres technologiques de Sarah Sze.
La science y devient matière poétique.
Des écrans, des sons, des projections enveloppent le visiteur.
On passe d’un univers cosmique à une plongée microscopique, d’un rêve d’espace à une réflexion sur le climat ou les données numériques.
C’est spectaculaire, mais aussi intime.
Car chaque œuvre pose une question simple : que voulons-nous devenir ?
L’art ici n’est pas une réponse, mais une invitation à réfléchir, à douter, à espérer.
Un lieu pour apprendre, créer, partager
Autour des expositions, la Fondation Cartier a créé de nouveaux espaces pensés pour le public.
Il y a La Manufacture, un atelier pédagogique de 300 m², où l’on apprend à créer par le geste, à expérimenter les matières, à comprendre l’art autrement.
Des ateliers pour tous les âges, où la main et l’imagination se rencontrent.
Un auditorium — le Studio Marie-Claude Beaud — accueille concerts, performances et débats.
Une librairie réunit livres rares et éditions d’artistes, et Le Petit Café, baigné de lumière, invite à prolonger la visite autour d’un café ou d’une discussion.
Tout est pensé pour que le lieu devienne vivant, un espace de rencontres et d’idées.
Plus qu’un musée : une expérience
Ce qui frappe à la Fondation Cartier, c’est que tout y est mouvant.
La lumière change avec les heures du jour, les plateformes s’élèvent et s’effacent, les œuvres se répondent.
C’est un lieu en perpétuelle métamorphose, comme la création elle-même.
Les visiteurs déambulent, s’arrêtent, lèvent les yeux, écoutent.
Certains restent longtemps devant une vidéo, d’autres se laissent happer par un jeu d’ombres.
Rien n’est imposé, tout est libre.
Et c’est peut-être là la force de ce lieu : il redonne à chacun le droit de regarder à sa manière.
L’art n’est plus un savoir réservé à quelques-uns, il devient une aventure partagée.
L’art pour demain : une invitation à la jeunesse
Pour un jeune de 18 ans, pousser la porte de la Fondation Cartier, c’est entrer dans un autre monde.
Un monde où l’art ne fait pas la leçon, mais invite à rêver, à créer, à penser différemment.
Ce n’est pas un musée silencieux : c’est un espace vibrant, un miroir du monde d’aujourd’hui.
On y découvre que l’art contemporain n’est pas froid ni abstrait — il parle de la planète, de la ville, des émotions, de la technologie, de l’humain.
Il questionne ce que nous sommes, et ce que nous pourrions devenir.
La Fondation Cartier du Palais-Royal n’est pas seulement un lieu d’exposition : c’est une expérience de liberté.
Une porte ouverte vers l’avenir, dans un Paris qui continue d’inventer, de surprendre, de rêver.
Informations :
Fondation Cartier pour l’art contemporain
2, place du Palais-Royal – 75001 Paris
Exposition Générale : du 25 octobre 2025 au 23 août 2026
fondationcartier.com
Prochaine exposition (Automne 2026)“Le Temps des Récoltes, Ibrahim Mahama”



















































































